René Vautier était, lundi dernier, à la salle du répertoire du cinéma de la cinémathèque algérienne à Alger. De là a débuté le tournage d'un film documentaire où le personnage surnommé le « papa du cinéma algérien », devra jouer un rôle capital. Oriane Brun-Moschetti et Leïla Morouche, les deux réalisatrices de ce film, vont suivre le cinéaste dans une réplique 2004 des « ciné-pops », ces caravanes du cinéma populaires que Vautier avait crée entre 1962 et 1965 alors qu'il était directeur du Centre audiovisuel d'Alger. Algérie en flammes, réalisé par lui en 1960 dans les maquis des Aurès sur les moudjahidine de l'ALN, et L'Aube des damnés, réalisé par Ahmed Rachedi en 1965 sur un texte de Mouloud Mammeri, ont été projetés lors de cette première séance de projection-débat. D'autres auront lieu à Tizi Ouzou, à Béjaïa, à Tébessa et à Biskra grâce au concours du Centre de diffusion cinématographique (CDC) qui a mis à la disposition de l'équipe du film un ciné-bus. Intitulé René Vautier, contre vents et marées, le documentaire de 52 minutes dont le tournage prendra fin le 10 octobre prochain, comporte déjà une rencontre singulière entre Vautier et Jean-Luc Godard dans un amphithéâtre universitaire en France. Durant la tournée algérienne du « ciné-pops », certains films de Vautier, des images d'archives et d'actualité se rapportant à la guerre de libération seront montrées dans le but de tirer dans les spectateurs de nouvelles images. Vautier, ce marginal irréductible avait, lors de cette première projection-débat à Alger et au tournant de ces incalculables anecdotes, planté un souhait, comme une dernière volonté : « Que l'Histoire de l'Algérie soit écrite ensemble, entendre entre Algériens et Français. « Si du côté français une limite semble être franchie, il n'en est pas de même du côté algérien », a-t-il toutefois observé.