La Suède a montré l'exemple, la semaine dernière, en choisissant d'être le premier pays de l'Union européenne (Ue) à reconnaître l'Etat de Palestine. C ́est la décision la plus courageuse que prend un pays membre de l ́Otan dont le gouvernement ne veut plus dépendre du bon vouloir d'Israël et de ses plus proches amis de donner ou non le feu vert à la mise en application de la solution de deux Etats figurant dans la feuille de route du quartette (Etats-Unis, Russie-UE-Onu). Jusque-là, les pays occidentaux se sont abrités derrière l'argument piège que « seul un accord entre les Israéliens et les Palestiniens pourrait donner naissance à un Etat palestinien fiable et un Israël sécurisé ». Or, que vaudrait cette formule s ́il faut laisser à Netanyahu l ́initiative de décider où commencent et où s'arrêtent les frontières d'Israël qui élargit sans cesse les limites des colonies juives en Cisjordanie dans le but évident d ́interrompre toute continuité géographique de l ́Etat de Palestine ? Mahmoud Abbas ne veut pas se suffire des condamnations sans effet par la communauté internationale de la politique de colonisation des territoires occupés par Israël. Pour ce faire, il a affiché son intention de signer le traité de Rome et de demander l ́adhésion de son pays à la Cour pénale internationale. Ce sera un grand moment dans l ́histoire de la Palestine qui pourra s ́appuyer sur une base juridique solide pour qu ́il soit mis fin aux colonies juives et forcer le retour d ́Israël aux frontières d ́avant la guerre de juin 1967. Les Palestiniens ont, en effet, toutes les raisons de penser que l ́historique initiative suédoise ne sera pas un acte seul, ni isolé, car la question de suivre l ́exemple suédois fait son chemin dans pas mal de pays européens. Il ne fait aucun doute dans l ́esprit des spécialistes du Proche-Orient que les deux autres pays scandinaves, le Danemark et la Finlande, qui de tout temps ont montré leur attachement à la cause palestinienne, ne tarderont pas à emboîter le pas à la Suède. La dynamique de consécration internationale de l ́Etat de Palestine voulue par Mahmoud Abbas est relayée par les parlements européens. C ́est le cas au Royaume-Uni et en Irlande où la majorité des députés ont demandé, récemment, à leurs gouvernements respectifs d ́agir activement pour la solution des deux Etats qu'Israël s'emploie farouchement à bloquer. Dans les prochaines semaines, le Parti socialiste espagnol, principale force d ́opposition en Espagne, le parti communiste IU et le parti républicain ERC vont demander au gouvernement du Parti populaire de reconnaître la Palestine comme Etat indépendant. Une pétition circule dans les milieux politiques en Espagne ; elle est déjà signée par 5.000 Israéliens de gauche, demandant au président Mariano Rajoy non seulement de reconnaître l ́Etat de Palestine mais, également, de permettre à l ́Espagne de jouer un rôle de leadership en Europe en faveur de la paix au Proche-Orient comme elle l ́avait fait en 1992 avec la conférence internationale de paix de Madrid. Ce n'est encore là qu'un début de réponse au vœu de Mme Margot Wallström, la ministre suédoise des Affaires étrangères, de voir s ́élargir la liste des pays reconnaissant l ́Etat de Palestine en Europe.