Les partisans de l'ancien chef de l'Etat yéménite, Ali Abdallah Saleh, ont limogé, hier, l'actuel président, Abd Rabbo Mansour Hadi, de son poste de Secrétaire général du parti au pouvoir, le Congrès populaire général (CPG). Cette formation a annoncé avoir nommé deux personnes aux postes de vice-président et secrétaire général. Saleh est resté à la tête du parti, qui détient 225 sièges sur 301 au Parlement. Ses partisans accusent le président Hadi d'avoir demandé à l'ONU des sanctions (adoptées vendredi) contre son prédécesseur. Le chef de cette rébellion chiite, Abdel Malek Houthi, et un de ses collaborateurs, Abdallah Yahya al-Hakim ont eux aussi été sanctionnés par l'ONU. Dans une lettre adressée au Conseil de sécurité, les Etats-Unis avaient décrété que l'ancien président yéménite « est allé au-delà de la simple tentative de semer le chaos à travers le Yémen » en utilisant les Houthis, non seulement pour « décrédibiliser le gouvernement mais aussi pour créer un climat d'instabilité propice à un coup d'Etat. » En l'absence d'objection, tous les Etats membres de l'ONU ont été interdits de délivrer des visas d'entrée à ces trois personnes. Des milliers de rebelles chiites et partisans d'Ali Abdallah Saleh avaient manifesté dans la journée contre ces sanctions. Les mêmes composantes avaient manifesté la semaine passée pour imposer le diktat au Yémen. Les meneurs avaient donné au président Hadi un délai de dix jours pour former un gouvernement, conformément à un accord signé le 21 septembre, faute de quoi « un Conseil de salut national » serait mis en place. Un cabinet, fruit de consensus avec plusieurs formations, a été annoncé vendredi, quelques heures avant le vote à l'ONU. La télévision d'Etat a annoncé 34 noms de ministres dont des politiciens Houthis et des représentants du Sud séparatiste. Le nouveau gouvernement dit de « compétences », compte quatre femmes dont l'une s'est vue attribuer le ministère de l'Information et une autre la Culture. Avant même de l'entrée en vigueur de la sanction onusienne contre Saleh et les deux chefs Houthis, un centre médical qui faisait office de caserne pour les rebelles chiites, au centre du pays, a été attaqué. Des dizaines de Houthis ont été tués et blessés contre quatre assaillants d'al Qaïda, qui a revendiqué l'attentat. Le réseau extrémiste est devenu, de facto, l'allié des tribus sunnites irritées de voir des rebelles chiites prendre le pouvoir dans leurs localités. Les Houthis, qui étaient parmi les détracteurs de Saleh lors du soulèvement de 2011, sont devenus depuis quelques mois, ses alliés sur le terrain. Ils ont pris plusieurs villes dont la capitale Sanaa.