Une réunion de femmes leaders du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord autour de « la stratégie arabe de lutte contre le sida et l'agenda de développement de l'après-2015 » a été ouverte, hier, à l'hôtel El Aurassi. Des représentants de pays arabes (Djibouti, Egypte, Jordanie, Koweït, Liban, Maroc, Palestine, Somalie, Soudan, Tunisie, Yémen...) y prennent part. Selon le ministre de la Santé, Abdelmalek Boudiaf, cette réunion « est la traduction de la volonté politique du président de la République de faire de l'Algérie un acteur-clé dans la lutte contre le sida par une contribution aux efforts internationaux et un partage de son expérience sous le leadership de l'Onusida. D'où la nécessité de la mise en œuvre de la stratégie arabe de lutte contre le sida et l'intérêt qu'accorde notre pays à la femme dans tous les domaines », a-t-il souligné. Il a plaidé aussi pour la promotion de la coopération Sud-Sud et la recherche opérationnelle sur les défis régionaux. Se félicitant de la place qu'occupe la femme dans la gouvernance en Algérie, Boudiaf a évoqué les instances parlementaires où les élues représentent 31,6%. « 44% sont de hauts cadres dans la santé, l'administration centrale et 60% du personnel soignant, toutes catégories, sont des femmes », a-t-il ajouté. EngagementS et progrès Sur le front de la lutte contre le sida, le ministre a rappelé, lors d'un point de presse animé en marge de cette rencontre de deux jours, que « depuis l'apparition du premier cas en 1985, l'Algérie en a fait une priorité nationale. Depuis 1989, la maladie fait l'objet d'un plan de lutte qui a conduit à des progrès indéniables ». « Cette lutte, a-t-il précisé, s'est caractérisée par un engagement à l'échelle nationale et internationale ». « La riposte contre le sida s'inscrit résolument avec le plan national stratégique (PNS) 2013-2015 dans le cadre des objectifs et engagements définis dans la déclaration politique de l'ONU sur le VIH/sida de juin 2011, ratifiée par l'Algérie et tous les pays arabes », a-t-il précisé. L'Algérie a accompli « des progrès qui ont permis que l'épidémie soit peu active dans la population générale avec une faible prévalence (0,1%) », a souligné le ministre. Ces chiffres ont été confirmés par le professeur Mesbah, directeur général de la prévention au ministère de la Santé. « 8.000 cas ont été enregistrés depuis 1985 à ce jour », a-t-il annoncé. Selon ce spécialiste, « l'objectif de stabiliser le nombre de nouveaux diagnostics, à moins de 1.000/an, a été atteint ». En effet, 700 à 800 cas seulement sont notifiés par an. « Ces chiffres traduisent la tendance vers la stabilisation de l'épidémie », a-t-il rassuré. Boudiaf avait indiqué dans son allocution d'ouverture des travaux que « sur le plan politique, l'engagement s'est traduit par la mobilisation totale du gouvernement et de la société civile ». « Ces dernières années, la mise en place d'un cadre de coordination et la mise en œuvre du plan national stratégique contre le sida ont été des priorités ». L'autre axe prioritaire a été « le dépistage et l'élimination de la transmission du VIH de la mère à l'enfant ». « La prévention à travers le renforcement des interventions de proximité ciblant en particulier les femmes en âge de procréer et l'amélioration de la qualité des traitements, des soins et de soutien » a été un autre front de lutte. Pour le ministre, les mesures de renforcement ont permis la mise en place de 7 nouveaux centres de référence de prise en charge de l'infection VIH/sida, l'intensification des programmes d'éducation thérapeutique, la poursuite des actions de soutien au PVIH. « J'ai signé un arrêté pour la prise en charge des personnes atteintes de VIH/sida », a-t-il indiqué. « La prise en charge de cette maladie se traduit par les efforts consenties par les hauts responsables, les CHU ainsi que par la disponibilité de médicaments et de spécialistes ». Soulignant la qualité du partenariat avec l'Onusida, le ministre a évoqué le projet de création d'un centre régional de recherche et de coopération. Plaidoyer pour la mise en œuvre d'une stratégie arabe Le docteur Yamina Chakkar, directrice régionale de l'Onusida, a, dans un message adressé à l'assistance, valorisé l'engagement des femmes. « L'objectif principal de cette réunion est de renforcer le plaidoyer politique pour la mise en œuvre de la stratégie arabe de lutte contre le sida, en particulier la réponse aux besoins et droits des femmes », a-t-elle estimé. « Le but est, selon elle, de lutter contre la discrimination et de promouvoir l'égalité entre les sexes et les droits de la femme ». Pour sa part, Michel Sidibe, directeur exécutif Unaids, a cité l'Algérie comme un pays déterminé en matière de lutte contre le sida. « L'Algérie a donné de l'espoir en créant cette possibilité d'accès gratuit aux soins et ses efforts sont uniques », dira-t-il. Pour la représentante de la Ligue arabe, Leïla Negm, « cette rencontre est l'exécution de décisions du conseil des ministres arabes de la Santé et la mise en œuvre de la stratégie arabe de lutte contre le sida pour 2016-2020 ».