Le transport aérien en Afrique affiche le deuxième taux de croissance dans le monde après les pays du Golfe. Mais derrière ce constat, se cache un chiffre : l'Afrique a perdu 60% de ses parts de marché dans ce domaine. Les causes de cette dégringolade ont été au menu de la 46e assemblée générale annuelle de l'Association des compagnies aériennes africaines (AFRAA), tenue hier à Alger, en présence du ministre des Transports, Amar Ghoul. Organisée sous le thème « Gagner ensemble à travers l'innovation et la collaboration », la conférence a réuni plus de 350 délégués des compagnies africaines et internationales. Le SG de l'AFRAA, Elijah Chingosho, a souligné le besoin de recouvrer le marché africain et d'améliorer la culture de sécurité. « Il y a un potentiel en Afrique estimé à un milliard de personnes », a-t-il rappelé, plaidant en faveur d'un marché intra-africain et de l'harmonisation de la réglementation entre les Etats africains. Exposant les problèmes qui freinent le développement du transport aérien en Afrique, il a cité, entre autres, les taxes, les charges et les frais aéroportuaires 50% plus élevés que la moyenne mondiale, en plus du déficit infrastructurel et des coûts du carburant. « Les coûts d'exploitation généralement élevés rendent les compagnies africaines moins compétitives », a-t-il constaté, avant de demander aux gouvernements africains de prendre leurs responsabilités en matière de sécurité et d'engager le dialogue avec l'Union européenne autour de la liste noire des compagnies aériennes africaines bannies du ciel européen. « Les Européens entretiennent cette idée des normes internationales non respectées par les compagnies africaines pour conquérir le marché africain », a-t-il signalé lors d'un point de presse animé en marge de la réunion. Le responsable a également soulevé les difficultés de l'octroi des visas en Afrique, contrairement en Europe, citant l'exemple de l'espace Schengen. En termes de chiffre d'affaires, le trafic aérien africain ne représente que 2,3% du trafic mondial. L'Afrique a perdu 60% du marché mondial à cause notamment des coûts du carburant très élevés par rapport aux pays du Golfe. Pour sa part, le PDG d'Air Algérie, Mohamed Boultif, a souligné que la lenteur dans la libéralisation du transport aérien freine le développement et la croissance de l'Afrique. Le patron d'Air Algérie a fait savoir que les initiatives attendues des Etats tardent à venir, « ce qui aurait contribué à la levée d'un certain nombre d'obstacles auxquels font face les compagnies africaines ». Dans cette optique, il évoque la sécurité, les taxes aéroportuaires, les taxes sur le carburant et les titres de transport. Il a appelé, en ce sens, les Etats à mettre en place une politique cohérente et à envisager la mise en place d'un organe unique à l'échelle continentale. Le PDG d'Air Algérie a plaidé aussi pour la construction d'un marché africain unique et le renforcement de la coopération et le déploiement d'alliances stratégiques visant à favoriser l'intégration du transport aérien sur le continent et assurer une meilleure connectivité et fluidité du marché. S'agissant de la connectivité, il a affirmé qu'Air Algérie va renforcer sa présence en Afrique. « Nous projetons non seulement d'augmenter l'offre sur le réseau Afrique mais aussi l'extension vers d'autres destinations telles que l'Afrique du Sud, l'Angola, l'Ethiopie et Djibouti », a-t-il précisé.