Poutine quittant « plus tôt » que prévu Brisbane : l'ombre de la « paix froide » pèse lourdement sur les travaux du G20 australien. Au plus fort de la crise ukrainienne, le président russe, qui ne veut pas céder aux pressions occidentales grandissantes, a sorti la grosse artillerie pour vilipender, fin octobre, les « prétendus vainqueurs de la guerre froide » accusés d'imposer leur « diktat » et de mener le monde au chaos. Alors que le monde célébrait le 25e anniversaire de la chute du mur de Berlin, le spectre de la « guerre totale » est ainsi redouté par l'ONU à la faveur de l'exacerbation des tensions régionales et mondiales. Le dossier de l'Ukraine traduit inexorablement la lutte d'influence interprétée par le Premier ministre du pays hôte, Tony Abbott, comme la quête de « la gloire perdue du tsarisme ou de l'Union soviétique ». L'enjeu crucial du remodelage de l'architecture mondiale est fortement présent aux assises de Brisbane, caractérisées par la volonté de Poutine de travailler à l'atténuation des conséquences des crises internationales nettement exprimée avec le Premier ministre britannique, David Cameron, et lors d'un tête-à-tête de 9 heures avec son homologue français, François Hollande. Mais cette dynamique de normalisation rencontrera-t-elle un écho ? La crise de gouvernance, contestée et vouée aux gémonies par les victimes de la mondialisation, s'accompagne de la crise de croissance qui, à l'exception notable de l'économie américaine gagnant en puissance, met en péril le modèle européen en déconfiture. « On ne peut pas s'attendre à ce que les Etats-Unis portent l'économie mondiale sur leur dos », a déclaré Obama. La thérapie collective est donc toute indiquée. « Ici donc, à Brisbane, le G20 a la responsabilité d'agir, de stimuler la demande, d'investir davantage dans les infrastructures et de créer des emplois pour les gens de tous nos pays. » Les détenteurs des 85% de la richesse mondiale sont invités à mener la bataille de la croissance de leur PIB érigée en priorité majeure. En alternative crédible, les 5 du Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) travaillent à la refondation du système financier international en panne de réformes pour tenter de « gonfler le rôle économique et financier ». Pour le vice-ministre chinois des Finances, Zhu Guangyao, il faut « y aller plus vite » dans la mise en place de la banque de développement pour assurer une meilleure représentation des marchés émergents.