Serait-on aux portes d'un monde multipolaires ? Les experts et la presse économique mondiale s'intéressent depuis quelque temps à la montée en puissance des pays du Brics mais également au potentiel souvent sous-estimé des «N-11». Les pays du Bric ou du Brics, autrement dit, Brésil, Russie, Inde, Chine et depuis peu Afrique du Sud, «doivent renforcer la coopération pour lutter contre les risques générés par les incertitudes de l'économie mondiale», a déclaré hier le vice-ministre chinois des Finances Zhu Guangyao, lors du premier forum sur la situation économique des pays du Brics. Selon lui, malgré la croissance dynamique de l'économie de ces pays émergents, les incertitudes concernant les politiques fiscales, monétaires et de régulation financière des pays développés ont apporté de sérieux défis aux pays en voie de développement, particulièrement aux membres du Brics. M. Zhu a appelé le groupe des pays émergents à rester vigilant à l'égard du protectionnisme et à renforcer la coopération particulièrement dans les secteurs des infrastructures et du financement du commerce, a ainsi rapporté la presse chinoise. Le vice-ministre chinois des Finances a noté que les pays du Brics devaient élaborer des politiques mieux coordonnées afin de renforcer leur représentation et leur voix au sein des institutions financières mondiales, telles que le Fonds monétaire international et la Banque mondiale. Il faut dire que le Brics est devenu un important moteur de la croissance économique mondiale au cours des dernières années. Ces cinq pays émergents contribuent à la moitié de la croissance économique mondiale et leur produit intérieur brut représente près de 20% du PIB mondial. Mais la montée en puissance des pays du Brics a tendance éclipser la progression considérable d'autres pays émergents, ceux qu'on appelle désormais les N-11. Les Next Eleven «Ces pays qui se développent à l'ombre du Bric», c'est ainsi que le journal les Echos les a baptisés dans son édition d'hier. Le journal s'est intéressé à ces pays dissimulés derrière les Brics au nombre de onze. Le groupe des «Onze prochains» (en anglais Next Eleven ou N-11) est un ensemble de pays émergents -Bangladesh, Corée du Sud, Egypte, Indonésie, Iran, Mexique, Nigeria, Pakistan, Philippines, Turquie et Viêt Nam - qui devraient compter parmi les plus importantes économies du monde au cours de ce XXIe siècle, selon un classement établi en 2005 par la banque d'investissement Goldman Sachs, sur la base de critères multiples comme la stabilité macroéconomique, la maturité politique, l'ouverture commerciale, les politiques d'investissement et la qualité du système éducatif. En 2009, les N-11 réalisaient 7% du PIB mondial. D'après Goldman Sachs, leur potentiel de croissance leur permettrait, d'ici à une quarantaine d'années, d'avoir un poids économique équivalent à celui du G7. Avec les pays du Brics, ils pourraient représenter 60% de la croissance mondiale, note les Echos, qui souligne cependant que ces économies sont à des stades de développements différents. Contrairement à Goldman Sachs, le cabinet Ernst & Young a choisi de retenir 25 pays émergents ou à croissance économique rapide, en tenant compte d'autres indices tels que l'évolution démographique «positive». L'indice de croissance des «vingt-cinq» est de 4,5% cette année, soit le double de la croissance mondiale estimée à 2,2%. Ils devraient, comme les pays du Brics, afficher un taux de croissance supérieur à 5% au cours des 25 années à venir, selon le cabinet. Une lecture assez optimiste du futur de ces pays mais les experts n'auraient pas pris en considération l'instabilité ou la fragilité qui peuvent les traverser, souligne les Echos. L'Algérie dans tout ça ? En septembre dernier, le cabinet britannique Oxford Business Group publiait une étude selon laquelle l'Algérie se serait tournée vers les pays du Bric. Ses échanges avec la Russie, la Chine, l'Inde et le Brésil ont connu une évolution notable ces dernières années, a relevé le cabinet. Selon son rapport, l'Algérie affiche des perspectives d'augmentation de ses recettes commerciales encourageantes, grâce à une demande –en particulier en matières premières – toujours forte de la part des marchés émergents. Si l'Algérie envisage de valoriser les marchés des pays émergents, certains la voient même faire partie de ces pays-là. Ainsi, le journaliste et spécialiste de la région Afrique du Nord et Moyen-Orient, René Naba, publiait sur son site, que «l'Algérie ne saurait se contenter de son statut de ‘pays émergent', (…) mais monter au créneau par une meilleure répartition de ses richesses, la relance de son agriculture, le développement de son énergie solaire en même temps que son tourisme, pour rejoindre les Brics. L'Algérie sera, selon lui, «au Brics en tant que représentante des pays arabes et musulmans, pour y développer une coopération Sud-Sud, en substitution à une coopération verticale de subordination et de prédation des économies nationales des pays arabes. En un mot, établir un rapport de qualité entre les deux sphères de la Méditerranée et entre les deux hémisphères de la planète».