Le vent a tourné pour l'armée irakienne dont quatre des treize divisions ont connu une débâcle en juin dernier. En une semaine, elle a fait reculer les éléments de Daech dans trois secteurs du « pays sunnite ». Le mercredi 12 novembre, elle les a chassés du barrage d'Adhaim, au Nord de Bagdad ; vendredi, elle a repris Baiji, une ville pétrolière à 200 km au Nord de Bagdad et samedi, la raffinerie de cette ville stratégique qui produit 300.000 barils par jour. Raison de ces succès ? Outre l'appui aérien et logistique des troupes américaines et des miliciens chiites de Force Badr, l'armée irakienne a accepté le « soutien » des tribus sunnites réputées anti-Daech. Haïdar al-Abadi, le Premier ministre, qui sait que seule la moitié des 250.000 soldats de son armée sont des alliés fiables, aurait-il réalisé qu'il ne pourrait pas arriver à bout de Daech sans les « combattants » sunnites ? Les Américains, qui font appel à ces derniers, lui suggèrent que s'il veut se débarrasser de Daech en « territoire sunnite », il devra en faire l'ossature pour la constitution d'une « garde nationale ». Estimant que le groupe autoproclamé, Etat islamique, tire sa force de l'expérience et du savoir-faire des « anciens soldats de Saddam Hussein », des experts vont même jusqu'à demander au Premier ministre irakien de tendre la main et aux sunnites et aux anciens baasistes qui n'ont pas rejoint le maquis « islamiste ». Selon Nikolai Mladenov, l'envoyé spécial de l'ONU en Irak, Haïdar al-Abadi compte enrôler aussi des Kurdes et des membres de tribus locales. Notamment celles qui ont émis le vœu de s'allier avec le gouvernement pour combattre Daech, après le massacre de 322 membres de la tribu Albu Nimr. Le même scénario se déroule en Syrie, l'autre pays « occupé » par Daech. Aidés par les frappes menées par la coalition et l'appui d'une centaine de leurs homologues irakiens, des combattants kurdes reprennent du terrain. Ils ont réussi, mardi, à chasser de Kobané des pans entiers de Daech qui auraient perdu près de 1.200 personnes, en majorité des combattants, depuis le début des combats dans cette ville frontalière de la Turquie.