La Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH) a appelé hier au boycott du Forum mondial des droits de l'homme, dont les travaux débutent aujourd'hui à Marrakech (Maroc). Cette ONG motive, dans un communiqué, ce boycott par la multiplication des violations des droits de l'homme au Sahara occidental et au Maroc. La FIDH a exprimé, il y a quelques jours, son refus de participer au forum au motif que «le Maroc persiste encore dans ses graves violations des droits les plus élémentaires, dont la répression, les arrestations arbitraires, les disparitions forcées, enlèvements», comme il a été signalé dans le rapport mondial sur la torture, publié en mai 2014, et par le rapporteur de l'ONU contre la torture, l'Argentin Juan Méndez. Dans un communiqué publié mardi, cette ONG a exhorté le Maroc à «passer des paroles aux actes» en matière de droits de l'homme, déplorant la lenteur de certaines réformes et la persistance d'«obstacles à l'exercice des libertés». Le Maroc accueille, à partir d'aujourd'hui à Marrakech jusqu'au 30 novembre, un forum mondial pour les droits de l'homme. Pour cette ONG, «cet événement devrait être l'occasion pour les autorités marocaines de passer des paroles aux actes», a estimé le président de la FIDH, Karim Lehidji. Dans un rapport publié mardi, la FIDH, qui regroupe 178 associations, souligne «des réformes essentielles mais insuffisantes» en matière de droits de l'homme au Maroc. Le rapport note que Rabat coopère de manière «croissante» avec les «mécanismes des Nations unies» et que la Constitution de 2011, adoptée durant le Printemps arabe, a marqué «un tournant important dans la dynamique des réformes». Mais les «nombreuses réformes judiciaires peinent à être adoptées», du fait notamment de l'absence de «calendrier précis», souligne le document. Et des «obstacles à l'exercice des libertés», ainsi que «des violations des droits humains» sont toujours constatés, a déploré M. Lehidji. L'ONG a exprimé son «inquiétude face à la répression dont sont victimes les personnes qui protestent publiquement et pacifiquement contre certaines politiques des autorités». Elle déplore également «l'utilisation excessive de la force contre des manifestants», ainsi que «les restrictions à la liberté d'association enregistrées ces derniers mois». Le royaume doit «harmoniser les lois nationales» avec sa nouvelle Constitution et avec «les conventions internationales», dont il est signataire, exhorte le rapport de la FIDH, qui prône également l'abolition de la peine de mort, qui fait l'objet d'un moratoire de facto dans le pays. A noter que des ONG marocaines, dont l'Association marocaine des droits humains (AMDH, indépendante), ont annoncé, elles aussi, leur boycott de cet évènement que les prisonniers sahraouis de Gdeim Ezik ont décidé de marquer par une grève de la faim.