Lors de son intervention d'ouverture, Me Ksentini a rappelé que l'Algérie a amorcé son processus de réduction de l'application de la peine de mort via le mémorandum de 1993. Un mémorandum relatif à la suspension de l'exécution de la peine de mort, et ce, à une époque où l'Algérie traversait une période sanglante. « Depuis 1993, il y a eu des jugements de peine de mort. Mais aucun cas d'exécution n'a été enregistré. Certains magistrats condamnent plus facilement à mort sachant que le condamné ne sera pas exécuté », a-t-il précisé. Cependant, comme il l'a fait remarquer, si l'opinion publique a admis l'application du mémorandum, il n'est pas encore de même pour l'abolition pure et simple de la peine de mort. « Aujourd'hui plus qu'hier, une très violente opposition à l'abolition de la peine capitale s'appuyant, en premier lieu, sur l'argument religieux et, en second lieu, sur un héritage social, idéologique et des traditions que nous ne pouvons éluder », a-t-il expliqué. Une position d'opposition renforcée par la multiplication, ces dernières années, de faits de violence et de crimes commis contre des enfants. Les débats sur l'abolition de la peine de mort sont ouverts au niveau régional à travers ce séminaire organisé par la CNCPPDH, à l'initiative du Haut-Commissariat aux droits de l'Homme des Nations unies. La représentante de cette organisation onusienne a salué le rôle de l'Algérie au sein des Nations unies pour stopper l'exécution de la peine de mort. La représentante de l'ONU en Algérie, Cristina Amaral, a même qualifié notre pays de leader en la matière dans le monde arabe. Le président de la CNCPPDH a rappelé, dans ce contexte, le discours du président de la République devant le Parlement européen à Bruxelles en 2003, dans lequel il s'était dit personnellement favorable à l'abolition de la peine de mort, mais qu'il attendait que le contexte du terrorisme se termine pour l'appliquer. « Pour faire progresser nos sociétés sur cette question, il faut prolonger la discussion. C'est le but de ce séminaire à l'issue duquel des propositions seront faites », a indiqué Me Ksentini. Ces propositions seront soumises aux législateurs algériens et ce sont eux qui décideront, selon lui, si la peine de mort serait définitivement abolie ou si la liste au moins des 17 délits passibles de cette peine serait réduite. A propos des délits, Me Ali Haroun a estimé que la plupart des peines capitales exécutées dans le monde arabe concernent les opposants politiques. « Cela fait 60 ans que le débat sur l'abolition de la peine de mort a été ouvert en Algérie. Aujourd'hui, ceux qui s'y opposent parlent des crimes abominables. Mais pour moi, l'abolition de la peine de mort, c'est avant tout une question de principe », a-t-il relevé. Pour sa part, le représentant du ministre de la Justice, Lakhdar Mokhtari, a tenu à signaler que la plupart des jugements de peine de mort ont été prononcés ces derniers temps par contumace.