Comme tout le monde s ́y attendait, le Conseil de sécurité de l ́Onu n ́a pas adopté le projet de résolution palestinien introduit par la Jordanie au nom des 22 pays arabes. Le projet palestinien portant sur un accord de paix dans les 12 mois suivi du retrait israélien avant la fin 2017 aux frontières d ́avant-5 juin 1967 a obtenu 8 voix pour (dont la France), 5 abstentions (dont le Royaume-Uni et deux pays africains : le Nigeria et le Rwanda) et 2 contre (Etats-Unis et Australie). Or, même si le minimum des 9 voix avait été obtenu, les Etats-Unis auraient bloqué de toute évidence le projet, en utilisant leur droit de veto. Les Américains ont vraisemblablement tout fait à travers des pressions sur certains Etats membres pour ne pas être obligés de recourir à cet instrument, si l ́on considère que sur la liste des abstentions, figurent deux pays africains, le Nigeria et le Rwanda. Pour ne pas heurter le monde arabe à l ́heure où ils ont besoin de renforcer leur coalition contre Daech, ils ont choisi des formules plus souples pour justifier leur position de rejet, s ́abritant derrière « l ́absence d ́une discussion autour de ce texte entre les membres du Conseil de sécurité ». C ́est du moins l ́argument avancé par la représentante des Etats-Unis à New York, Samantha Power. D ́ailleurs, le rejet américain était dans l ́air depuis que, récemment, à Londres, le secrétaire d ́Etat américain avait « conseillé » au négociateur en chef palestinien, Saeb Erakat, de reporter la présentation du projet en question pour après les élections législatives en Israël, prévues le 17 mars 2015. Officiellement, John Kerry craint que l ́adoption de ce projet de résolution par le Conseil de sécurité donne plus de sièges aux extrémistes israéliens à ces élections. En réalité, la Maison-Blanche a, encore une fois, cédé aux pressions du lobby sioniste, Aipac, qui fait et défait les carrières à la Maison-Blanche. Mahmoud Abbas n ́entend pas se laisser décourager par le vote négatif de jeudi, ni par un éventuel veto américain au prochain projet qu ́il prévoit de déposer à l ́Onu pour que soit reconnu l ́Etat de Palestine par l ́ensemble de la communauté internationale. Il a de nombreuses cartes en main pour faire avancer son projet, dont celle d'adhérer à la Cour pénale internationale après la signature du traité de Rome. C ́est là le grand cauchemar d ́Israël, de son principal allié et des pays qui se sont inconditionnellement alignés sur sa position s ́agissant de la question palestinienne, dans le cas présent l ́Australie, le seul membre pays avec les Etats-Unis à avoir voté contre le projet de résolution palestinien. Les Palestiniens savaient que leur projet ne passera pas cette fois, mais ils ont néanmoins voulu mettre la communauté internationale devant ses responsabilités et soustraire l ́examen de la question de la reconnaissance internationale de l ́Etat de Palestine au bon vouloir d ́Israël. On saura dans les prochaines semaines si les arguments des pays qui se sont abstenus de voter ou qui ont voté contre le projet palestinien sont crédibles ou s ́il s ́agit d ́une manœuvre de plus pour gagner du temps à travers l ́argument principal de « l ́insuffisance » des consultations préalables ou encore leur souhait de voir se réaliser un « possible un consensus de tous les membres du Conseil de sécurité autour du prochain projet révisé ».