Richard Stallman, le fondateur de la Fondation Free Software, c'est à dire la Fondation pour le logiciel libre, a appelé, hier, au Palais de la culture, à Alger, lors d'une conférence, à intensifier la lutte pour le développement du logiciel libre qui est synonyme de liberté. C'est un combat qui remonte à une trentaine d'années et qui s'est terminé par la création d'un logiciel libre et ce pour échapper ainsi au diktat des logiciels privateurs qui sont « dangereux, nocifs pour la liberté et comportent beaucoup de restrictions », selon cet informaticien. Pour ce dernier, l'utilisateur « n'a pas réellement de contrôle sur son outil informatique s'il n'a pas comme application un logiciel libre mais qui n'est pas synonyme de gratuité », explique-t-il. Le conférencier, invité par le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, a l'air de se méfier de tout ce qui est web, y compris du téléphone portable qu'il dit ne pas en avoir. Preuve, il a d'abord invité l'audience à ne pas le prendre en photo et à le mettre sur facebook ou instagram comme moyen de le pister et de ne pas publier l'enregistrement de sa conférence sur les sites non favorables au logiciel libre. Ces derniers, à l'image de I. tunes d'Apple ou de Youtube de Google, utilisent, dit-il, des « logiciels privateurs ». « C'est une question de liberté », estime Stallman car ces sites, bien que gratuits, ne vous donnent guère l'occasion de changer ce logiciel, de l'adapter à vos besoins. Leur fonctionnement est un « piège », poursuit-il, qui épingle plusieurs grands acteurs du web pour la pratique de l'espionnage, de la censure, citant le Digital Restriction Management (DRM), les pratiques de Sony sur les playstation, Amazon, et qui, en plus, « ne vous laissent pas la possibilité d'installer d'autres applications sur votre ordinateur ». « Vous avez l'impression de commander votre machine, mais c'est quelqu'un d'autre qui le fait pour vous », observe t-il. En revanche, ces derniers, qu'il qualifie de « malware », ont le moyen, par ce qu'il appelle « les portes dérobées », pour tout « changer, installer, désinstaller des logiciels », comme chez Windows, et peuvent aller jusqu'à « transférer vos fichiers à leurs serveurs et à l'Etat ». Ils « censurent, espionnent, imposent des restrictions » à l'utilisateur. Stallman, au bout de son parcours, a pu lancer un logiciel qu'il a dénommé, par dérision Gnu, avec Linux. Il est déjà utilisé depuis 23 ans et a connu une large distribution (1.000) mais contenait cependant des « composants privateurs ». Les développeurs de logiciels ont toutefois fait un geste, ces derniers temps, en proposant l'Open source mais qui est construit sur « des valeurs pratiques comme l'amélioration de la qualité du code, plutôt que de l'éthique », observe Stallman. ,Cet expert, qui a donné des conférences à Djelfa et à Alger, sera prochainement à Sétif et Sidi Bel-Abbès. Il a estimé qu'il est vraiment « dangereux pour la sécurité nationale d'utiliser ces logiciels privateurs au sein des forces armées, des institutions, des services publics stratégiques ».