Le PDG de Sonatrach, qui a reconnu, hier, la nécessité de communiquer davantage sur la question du gaz de schiste, a déclaré que des représentants de la société civile d'In Salah ont longuement été reçus sur le site même du forage par les cadres de Sonatrach avec qui ils ont échangé des points de vue et qui « leur ont donné d'amples éclaircissements ». Sonatrach est une « entreprise citoyenne », ajoute Sahnoun. Et d'ailleurs, le choix de l'endroit est dicté par « le besoin d'alimenter en gaz la centrale d'In Salah ». « Sonatrach aurait pu aller ailleurs et personne n'aurait pu en profiter », précise le patron de Sonatrach qui a eu à cœur de « rétablir ce qu'il appelle certaines vérités sur le gaz de schiste », en présentant à la presse un documentaire sur ce problème et comment il a été surmonté aux USA en 2009. Il a même invité des responsables d'entreprise de forage, telles que l'Enafor, l'ENTP, l'ENSP pour montrer ce qu'elles font, et expliquer les distinctions entre forage vertical et forage horizontal ainsi que les procédures liées au respect de l'environnement. Pour Sahnoun, il faut « démystifier » les arguments de ceux qui sont contre l'exploitation du gaz de schiste et qui en fait « ne reposent sur aucun fondement ». Sonatrach « a la maîtrise des techniques d'exploitation », affirme-t-il. La fracturation hydraulique qui envenime les débats est « connue depuis des décennies », et ce sont « les mêmes appréhensions qu'a rencontrées Sonatrach lorsqu'elle s'est lancée dans les projets de dessalement de l'eau de mer que l'on rencontre aujourd'hui », selon Saïd Sahnoun. D'ailleurs, la compagnie pétrolière nationale a l'intention d'engager encore des débats à travers les médias sur cette question. Elle a déjà invité, pour les jours à venir, un expert international qui va apporter sa contribution. La Sonatrach veut d'abord rassurer et en même temps expliquer l'inévitable option vers l'exploitation du gaz de schiste. Celle-ci n'est pas pour demain puisqu'il va falloir faire l'inventaire des ressources et en étudier aussi la faisabilité économique au plan du coût. L'Algérie a quatre années encore devant elle mais les défis sont là, comme l'explique le patron de Sonatrach. Il y a les perspectives de « créer des milliers d'emplois et de couvrir les besoins » qui sont en constante croissance. « La consommation intérieure en gaz est de 35 milliards m3 pour 2015 et pourrait atteindre 50 milliards en 2025 », prévient Sahnoun. Un responsable HSE (hygiène, sécurité, environnement) à Sonatrach a, pour sa part, expliqué qu'il y a des règles à respecter en matière d'environnement et de santé, à travers des études d'impact et d'étude de risque lié à l'exploitation de gaz conventionnel et non-conventionnel, et qui sont « soumises en bout de compte à l'autorité de régulation des hydrocarbures (ARH) et l'agence Alnaft qui devront les entériner ». Un autre responsable a donné des éclairages sur la gestion des rejets, le traitement des déblais, le traitement et la récupération des eaux, la réhabilitation du site après exploitation. « L'Algérie n'a pas subi de pressions » Sonatrach a foré, ces quinze dernières années (2004 à 2014), 1.576 puits, et le premier forage horizontal a été réalisé en 1992, selon le PDG de l'entreprise nationale du forage (Enafor). En tout, ce sont 350 puits de ce type qui ont ainsi été forés avec des drains de 1.000 m. Le PDG de Sonatrach a réfuté l'argument de certains qui estiment que la « compagnie n'a pas beaucoup communiqué sur ce dossier », rappelant qu'une conférence a eu lieu à Oran en octobre 2013 suivie d'autres. Il a exclu que l'Algérie ait subi des « pressions » de la part de compagnies étrangères pour s'engager dans l'option de l'exploitation du gaz de schiste. Des contrats de partenariat avaient été conclus avec des groupes comme Anadarko, ENIE, BP, Shell, Talisman pour partager leur savoir en matière d'exploitation de gaz de schiste mais pas le français Total qui « n'a jamais été associé à ces projets », affirme Sahnoun. Le PDG de Sonatrach a été sollicité par la presse pour donner des détails sur les projets d'investissement de la compagnie nationale à l'étranger, plus exactement en Tanzanie, au Mozambique, au Kenya. Une équipe d'experts de Sonatrach se rendra aussi dans une semaine au Caire pour « étudier les possibilités de partenariat avec l'Egypte dans l'amont et l'aval pétrolier ». Quant au gisement Camisea au Pérou, développé depuis quelques années avec Sonatrach, ce dernier dégage aujourd'hui des bénéfices estimés à 50 millions de dollars an. Il a déjà permis le remboursement de ses investissements. Enfin, l'Algérie s'apprête également à se lancer dans l'offshore, après que le dossier aura reçu « des informations supplémentaires », selon les responsables de Sonatrach. Ces derniers ajoutent que « l'étude sismique est déjà terminée » et « la priorité sera donnée au secteur Est ».