Le groupe pétrolier public Sonatrach a décidé de faire de la pédagogie pour mieux sensibiliser et rassurer l'opinion publique sur ses activités pilotes dans le gaz de schiste. C'est ce qu'a voulu affirmer en substance le P-dg par intérim M. Saïd Sahnoun, hier lors d'une conférence de presse organisée au siège de l'entreprise à Alger. Sahnoun qui a assuré que les travaux de forage menés dans les puits-pilotes à In Salah ne se sont pas arrêtés, a tenu à préciser que le gaz extrait des deux puits sera destiné à l'alimentation de la centrale électrique de la ville d'In Salah. Revenant sur les manifestations et les oppositions des populations du Sud à l'exploitation de cette énergie, il a expliqué qu'il «n'avait jamais dit qu'il n'y a pas de risques». Toutefois, démonstrations à l'appui, les responsables de Sonatrach ont, tour à tour, expliqué durant la rencontre que les dernières évolutions technologiques dans ce domaine permettent à l'entreprise de faire face aux risques environnementaux tout comme aux risques de contamination de la nappe phréatique. Sahnoun a expliqué que toutes les compagnies pétrolières internationales qui exploitent cette énergie non conventionnelle sont «passées par des périodes d'échec». C'est pourquoi Sonatrach a décidé de s'associer à cinq grandes compagnies pour mieux réaliser les travaux de forage des puits-pilotes. Il citera, entre autres, Anadarko, Shell, BP et l'ENI. L'entreprise publique, affirment ses responsables, a déjà effectué un forage horizontal en 1992 et durant la période de 2000-2015, 1 756 puits ont été forés par les filiales de la compagnie. Pour la question de l'utilisation de l'eau dans l'exploitation du gaz de schiste, Sahnoun a voulu convaincre par les chiffres, assurant que les réserves du pays dépassent de loin les besoins de cette activité. Selon ses estimations, les forages nécessiteraient environ 2 millions de m3 alors que les réserves avoisinent 48 milliards de m3. Au sujet de la décision des autorités d'exploiter cette énergie en dépit de l'existence de réserves suffisantes en gaz naturel, il citera l'exemple de l'Arabie saoudite qui a décidé de se lancer dans l'exploitation du schiste malgré sa position de premier pays en termes de réserves mondiales de pétrole. Sahnoun a énumérer d'autres pays européens qui ont décidé d'exploiter le schiste, dont l'Allemagne et la Pologne. Le premier responsable de la compagnie publique a également proposé d'organiser des visites sur site pour les populations locales «dans un cadre organisé» en vue de les rassurer. Il a assuré sur ce point que l'entreprise «n'a rien à cacher». L'entreprise entend au même titre réaliser dans la région un centre d'excellence prochainement, en vue de former dans un premier temps 2 000 travailleurs pour l'exploitation de cette énergie dont les études de faisabilité dureront jusqu'en 2020. Interrogé, par ailleurs, sur l'activité offshore de l'entreprise, Sahnoun a indiqué que les premiers forages seront réalisés d'ici la fin de l'année à l'est du pays et plus précisément dans la wilaya de Béjaïa. Quant à ses activités à l'international, Sahnoun a énuméré une série d'activités dans différents pays africains, notamment des blocs exploités en Tanzanie et au Kenya ainsi qu'un gisement de 5 000 mds de m3 de gaz en Afrique de l'Ouest. En Amérique Latine, le P-dg du groupe a affirmé que le gisement pétrolier et gazier de Camisea au Pérou rapporte à la compagnie quelque 50 millions de dollars par mois. Enfin, pour l'exportation du gaz vers l'Egypte, une délégation de l'entreprise se rendra prochainement dans ce pays pour discuter des modalités de cette opération. S. B.