Photo : Slimene S.A. Une nouvelle liste de médicaments interdits d'importation par le ministère de la Santé en 2011 serait en préparation. C'est ce qu'affirment des opérateurs en pharmacie. Le fait paraîtrait banal d'autant que ce n'est pas la première fois que l'Algérie décide de mettre le holà dans ce domaine pour freiner l'envol de sa facture d'importation passée de 500 millions de dollars en 2000 à 1,8 milliard de dollars en 2007. Mais les opérateurs prennent soin de préciser que 78% des 111 produits sont fabriqués par un seul opérateur local, alors que la loi dit qu'un médicament ne peu être interdit à l'importation qu'à condition qu'il soit fabriqué par deux producteurs nationaux. Ils estiment aussi que 84% des médicaments de la nouvelle liste concernent des pathologies chroniques et vont manquer sur le marché sans qu'il y ait une alternative thérapeutique en cas de rupture. Qu'en pense le ministère de la Santé ? «Aucune liste d'importation de médicaments n'a été encore établie. Cette opération ne se fait qu'en collaboration avec les opérateurs. Pour cette année, la liste des produits pharmaceutiques interdits à l'importation n'est pas encore définitivement arrêtée étant donné que certains opérateurs ne peuvent se prononcer avant le mois d'avril prochain car ils doivent rendre compte de leurs capacités de production et cela ne peut se faire qu'après avoir assuré une quantité de matière première suffisante pour une capacité de production d'au moins six mois», précise Slim Belkessam, chargé de communication au ministère de la Santé. Le responsable évoque également les différentes procédures auxquelles les producteurs de médicaments nationaux sont soumis comme celles du contrôle systématique de leurs moyens matériel et de leurs capacités de production. PENURIE DE MEDICAMENTS : DES PHARMACIENS INQUIETS En ce qui concerne la pénurie des médicaments dans les pharmacies, le responsable de communication précise qu'il s'agit beaucoup plus d'un problème d'appellation car, selon lui, plusieurs médicaments déclarés introuvables sur le marché, existent sous d'autres noms fabriqués en générique. «Tout le monde sait que le princeps est plus cher que le générique», argumente M. Belkessam qui confirme que cette pénurie de médicaments est déjà prise en charge par la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH) qui assure l'approvisionnement des hôpitaux et par l'ensemble des opérateurs censés assurer l'approvisionnement du marché national en médicaments. « Ce sont les importateurs qui font tout ce bruit pour qu'ils continuent à dominer le marché. Le ministre est intransigeant pour assainir la situation car il n'est pas question que des gens se sucrent sur le dos de l'économie nationale et du citoyen», affirme M. Belkessam. Du côté des officines d'Alger, on signale que plusieurs noms de médicaments (princeps et génériques) se font de plus en plus rares. Les pharmaciens attestent que non seulement le marché est totalement perturbé mais devient incontrôlable. «Les grossistes nous imposent des ventes concomitantes si on veut être approvisionnés en produits qui se vendent », indique ce pharmacien situé à la rue de Tanger (Alger centre) qui confirme que plusieurs médicaments indispensables sont introuvables sur le marché. Un autre pharmacien situé à la rue Abane Ramdane évoque aussi la rareté des médicaments pour les malades chroniques.