La troisième liste de médicaments interdits d'importation, décidée par le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, pourrait avoir une incidence sur la disponibilité de certaines catégories de médicaments notamment les anticancéreux. Certes, l'objectif du département d'Ould Abbès de couvrir, d'ici 2014, près de 70% des besoins de notre pays en médicaments par les producteurs nationaux est un défi que l'Algérie pourrait atteindre, mais il y va de la situation sanitaire de la population. En effet, les industriels locaux redoutent les retombées néfastes de la décision d'interdire d'importation les produits pharmaceutiques et dispositifs médicaux destinés à la médecine humaine, lorsqu'ils sont fabriqués localement. Le rallongement de la liste noire de médicaments comporte, en fait, des risques d'aggravation de la pénurie de médicaments du fait de la position monopolistique que revêt la production de certains produits pharmaceutiques qui plongerait le marché du médicament dans une "crise" en 2011, échéance de l'entrée en vigueur de la troisième liste. Le problème de la pénurie ne va pas se poser avec acuité dans la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH), puisqu'elle est en pleine restructuration. "Cette restructuration est en passe d'assurer une meilleure disponibilité du médicament à l'hôpital mais l'enjeu le plus important est assurément le marché de ville qui représente 78% du marché pharmaceutique national en terme de consommation", explique une source proche du dossier, cité par le journal on-line "TSA". Selon ce journal, une étude réalisée par des opérateurs en pharmacie révèle un risque très important de ruptures massives de produits pharmaceutiques en 2011, en raison de l'entrée en vigueur de la nouvelle liste de 111 médicaments interdits d'importation. Si les observateurs reconnaissent la volonté du ministère de la Santé de booster l'industrie pharmaceutique locale à travers cette décision, ils ne manquent pas, en revanche, de mentionner que les industriels locaux ne sont pas réellement prêt à combler le manque des produits interdits d'importation. La source citée par TSA, affirme que "seuls 11% des producteurs locaux référencés comme fournisseurs de ces produits et susceptibles d'approvisionner le marché une fois l'interdiction effective, détiennent des stocks de matières premières au 15 novembre 2010 des produits concernés par cette liste". Les médicaments interdits d'importation doivent être ceux produits par au moins deux fabricants. "Or ce n'est pas le cas. 78% des 111 produits que le gouvernement compte interdire à l'importation sont fabriqués par un seul opérateur local", explique la même source, qui relève que 84 % des médicaments de la nouvelle liste concernent des pathologies chroniques sans qu'il y ait une alternative thérapeutique en cas de rupture. Aussi, si l'interdiction entre en vigueur en 2011, les producteurs doivent attendre la fin du premier semestre pour mettre leurs produits sur le marché. Un délai jugé trop long. A souligner par ailleurs, que les professionnels redoutent également le scénario de l'entrée en vigueur de la première liste d'interdiction en 2008, qui a drainé des perturbations et des pénuries dans le marché du médicament. Yazid F. Selon Ould Abbès, 13,30% des appareils médicaux sont non opérationnels Le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Djamel Ould Abbès, a, lors d'une visite inopinée à l'Unité médico-chirurgicale (UMC) de Tipasa, indiqué que sur les 73 000 appareils médicaux recensés au niveau national, 13,30% sont non opérationnels. A ce propos il a exhorté l'ensemble du personnel médical et administratif à mettre en adéquation les moyens matériels et humains au bénéfice du patient. M. Ould Abbès a rappelé que les pouvoirs publics ont mis à la disposition du secteur de la santé des "moyens colossaux". Entre 2005 et 2010, ces moyens ont quadruplé, puisque le budget du ministère de la Santé est passé de 60 milliards de DA à 240 milliards, en plus des 35 milliards de DA destinés au plan national anti-cancer, a-t-il précisé. Y. F.