Par-delà les divergences techniques ou calendaires, Lausanne fleure bon l'espoir de règlement du conflit sur le nucléaire iranien. Elle accueille, depuis hier, la délégation iranienne, conduite par le ministre des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, précédée par les négociateurs américains rejoint depuis Le Caire par le secrétaire d'Etat, John Kerry. « Durant les prochains jours, nous devons faire aboutir les solutions autant que c'est possible. Ensuite, doit commencer la période de la rédaction d'un accord de façon très précise et détaillée », a indiqué Zarif à la télévision iranienne dans l'avion qui l'emmenait en Suisse. « Certains détails », fera-t-il valoir, doivent être réglés pour qu'il « devienne clair de quelle façon les sanctions seront levées et quelles sont les garanties pour l'application de l'accord ». Au bout de 18 mois de pourparlers, le bon compromis se dessine sur la voie globalement dégagée du rapprochement irano-américain. Au 31 mars, l'option totalement validée ? Peu avant de regagner Lausanne, Kerry se déclare optimisme sur les chances de succès. « Mon espoir est que dans les prochains jours cela sera possible », a-t-il déclaré, depuis l'Egypte, selon l'extrait d'un entretien à la télévision américaine CBS. « S'il (le programme nucléaire iranien) est pacifique, allons-y, finissons-en », a-t-il lancé. Pour lui, « le temps est compté » pour concrétiser un « bon accord » en ligne de mire des radicaux iraniens et de Tel-Aviv fortement encouragé par les républicains. La ligne de fracture est forte de la volonté de mettre en échec l'accord sur le nucléaire. A son apogée, la crise de confiance entre la Maison Blanche et le Congrès républicain, révélée par la bravade du Capitole invitant en grande pompe le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, sans tenir informé le président Obama, se double désormais de la lettre de la « honte, signée par le groupe des 47 sénateurs républicains, adressée à la République islamique d'Iran pour contester la légalité et la valeur politico-diplomatique de l'accord international s'il venait à être entériné ». Cette « fourberie » de l'Amérique, dénoncée en ces termes par le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a jeté un profond discrédit sur le pouvoir de négociation de l'administration Obama engagée dans un bras de fer épique avec les républicains. Dans une réponse envoyée, samedi, au sénateur républicain Bob Corker, président de la commission des affaires étrangères du Sénat américain, la Maison Blanche oppose la force de la légalité internationale à la menace de soumettre au Congrès tout accord. Pendant 60 jours, le Congrès aurait le pouvoir de voter pour empêcher son entrée en vigueur. Le camp républicain tente aussi de rassembler une majorité de deux tiers dans chaque chambre du Congrès pour résister au veto promis de Barack Obama. « Tout comme il est vrai que seul le Congrès peut mettre fin aux lois de sanctions contre l'Iran, seul le Conseil de sécurité peut mettre fin aux sanctions du Conseil de sécurité contre l'Iran », renchérit le secrétaire général de la Maison Blanche, Denis McDonough. Lausanne peut-elle s'en ressentir de la guéguerre américaine ?