Les syndicats autonomes du secteur de la santé ont salué la décision prise par le ministère de la Santé de geler l'ouverture de nouvelles cliniques privées. Ils ont qualifié cette mesure de courageuse destinée à assainir le secteur et reprendre les rênes afin d'offrir un service public de santé qui réponde aux attentes des citoyens. Les syndicats annoncent, également, leur soutien au ministre pour l'ouverture d'une enquête sur les équipements des cliniques privées en activité, le recensement du personnel qui y exerce et, surtout, la qualité des services offerts aux patients. « Nous avons toujours appelé à limiter au moins l'activité du privé dans le domaine de la santé car il n'apporte pratiquement rien de plus. En outre, il active sans aucun contrôle et dans une anarchie totale », souligne le secrétaire générale du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP), Lyès Merabet. Le syndicaliste estime que cette enquête va sûrement démontrer que le privé exerce, dans sa majorité, avec du personnel de la santé publique. « C'est pour cette raison aussi qu'on a souhaité interdire et non geler l'activité complémentaire », relève-t-il. Pour le SNPSP, le gel de l'ouverture des cliniques privées permettra également au ministère d'orienter, plus tard, les investissements privés vers les wilayas déshéritées pour faire face au déficit que connaît le secteur de la santé. « Cette démarche doit être accompagnée par des mesures incitatives en matière d'exonération d'impôts, d'aide à la construction des structures ou d'achat du matériel et équipement qui encouragent le privé à investir dans les régions du Sud par exemple », note M. Merabet. Pour sa part, le porte-parole du Syndicat national des médecins spécialistes de la santé publique (SNPSSP), Dr Mohamed Yousfi, estime qu'il était temps que les pouvoirs publics mettent de l'ordre dans un secteur qui souffre d'une anarchie indescriptible. « L'histoire nous a donné raison. Depuis 1998 nous avons appelé à interdire l'activité complémentaire qui a été une saignée pour le secteur de la santé publique. Aujourd'hui, tout les pays du monde, y compris les Etats-Unis, plaident pour un service de santé public plus performant. Pour eux, le secteur privé reste uniquement complémentaire », explique-t-il. Reste que le SNPSSP n'est pas contre l'émergence du secteur de santé privé mais à condition qu'il respecte la réglementation, l'éthique et offre des prestations avec un personnel qualifié. « Tout le monde connaît avec quel personnel le privé active. Et tout le monde sait que quand un malade, dans une clinique privée, est sujet à des complications en matière médicale, il est renvoyé vers l'hôpital public », rappelle-t-il, soulignant que si le ministre a eu le courage de prendre cette décision importante, il peut encore initier une démarche destinée à trouver une solution globale pour le secteur et mettre des règles bien définies pour protéger le secteur de la santé.