Et si 2015 était l'année du Grand Chelem pour Serena Williams ? Son huitième sacre samedi dernier à Miami, le 66e de sa carrière, a mis en évidence le gouffre qui la séparait de ses rivales. Pour sa dixième finale à Key Biscayne, la numéro un mondiale n'a eu besoin que de cinquante-six minutes pour plier l'affaire et écœurer Carla Suarez Navarro (6-2, 6-0). L'Espagnole n'est pourtant pas la première venue : la 12e mondiale s'était hissée en finale en battant deux joueuses du Top 10, Agnieszka Radwanska et Andrea Petkovic, ainsi que Venus Williams, ancienne numéro un mondiale sacrée à trois reprises à Miami. « Je croyais en mes chances avant cette finale et pendant la finale (...), mais Serena est la meilleure joueuse du monde, elle veut toujours gagner », a souligné, impuissante, Suarez. A 33 ans, la cadette des sœurs Williams va débuter aujourd'hui sa 116e semaine consécutive au sommet du classement mondial. Elle n'a plus perdu depuis octobre 2014, en phase de poules du Masters WTA à Singapour, face à la Roumaine Simona Halep (son forfait avant sa demi-finale à Indian Wells fin mars mis à part) et abordera la saison de terre battue sur une série de 21 victoires consécutives qui lui a apporté trois titres (Masters, Open d'Australie, Miami). Grand Chelem sur deux ans Avec un tel bilan, le Grand Chelem, les quatre tournois majeurs remportés la même année, réussis seulement par Maureen Connolly Brinker en 1953, Margaret Court en 1970 et Steffi Graf en 1988, est forcément envisageable. « Toute joueuse qui a remporté l'Open d'Australie pense au Grand Chelem, mais j'ai gagné l'Open d'Australie six fois et je n'ai jamais fait le Grand Chelem. Je ne me dis pas que c'est l'année ou jamais, qui sait ce qui va se passer », a relevé l'Américaine, qui a déjà réalisé le Grand Chelem sur deux ans (Roland-Garros, Wimbledon et US Open 2002, Open d'Australie 2003). « Je fais juste du mieux que je peux. Chaque jour, je me lève pour bien m'entraîner et bien jouer », a-t-elle poursuivi. A entendre son entraîneur Patrick Mouratoglou, Williams est loin d'être blasée par sa collection de titres. « Après sa victoire contre Halep (la numéro 3 mondiale, battue en demi-finale 6-2, 4-6, 7-5, ndlr), elle était vraiment mécontente, mécontente à un point que vous ne pouvez pas imaginer », a rappelé le Français. « Mais sa réaction samedi a été à la hauteur de la déception, c'est ce qui est bien avec elle, elle apprend et veut toujours progresser », a-t-il apprécié. « Je suis prête » « Son jeu est très complet, mais elle peut encore améliorer des choses. La marge qu'elle a sur les meilleures n'est pas quelque chose de nouveau, mais on fait tout pour. Il y a une vraie volonté d'apporter des nouvelles choses dans son jeu », a-t-il insisté. Pour l'heure, pas question de céder à tout triomphalisme et de s'égarer en pensant au Grand Chelem : l'attention du clan Williams est tournée vers la terre battue. Trois rendez-vous sur ocre sont au programme de la numéro un mondiale, avant Roland-Garros (24 mai-7 juin) : le barrage d'accession au groupe mondial de la Fed Cup contre l'Italie les 18 et 19 avril, et les tournois de Madrid et Rome. « Son jeu est bien en place pour la terre battue : on a ajouté beaucoup de lift et d'arrondi, elle arrive à bien repousser ses adversaires pour s'installer dans le terrain, elle trouve des angles », a noté avec appétit Mouratoglou. « Je suis prête, j'ai hâte d'aller en Europe et de bien m'amuser », a lancé Williams, qui reste sur une élimination au 2e tour en 2014 à Paris, mésaventure qui l'avait déboussolée pendant plusieurs semaines jusqu'à Wimbledon (défaite au 3e tour).