A l'exemple des Pharaons, les Amazighs ont, depuis la nuit des temps, marqué de leur empreinte la terre dans laquelle ils ont vécu, faisant montre d'une civilisation plusieurs fois millénaire, développant les sciences, l'agriculture, et, à plus forte raison, l'architecture dont les pyramides berbères sont l'illustre exemple. A commencer par les Djeddars de Frenda, sis à une trentaine de kilomètres de Tiaret, qui ont été, mercredi dernier, au cœur d'une conférence animée par Bachir Sahraoui, archéologue, poète et écrivain, au Palais de la Culture à Alger. Construite, selon l'universitaire, durant la même période que les pyramides pharaoniques, les Djeddars de Frenda, dont on trouve quelques prototypes similaires à travers le pays comme le Medghacen à Batna ou le Mausolée royal de Maurétanie à Sidi Rached près de Tipasa, ils obéissent néanmoins à une architecture propre à la culture berbère. « D'où leur forme atypique », insiste l'archéologue après avoir dénombré seulement treize pyramides ayant survécu. Elles ont été détruites, en grande partie, par les Romains, les Vandales et l'armée coloniale française. « Il faut savoir que la plupart de ces bâtisses ont été échafaudées par les Amazighs des milliers d'années avant J-C », souligne-t-il en ajoutant qu'elles servaient notamment de tombeaux et de mausolées pour les rois berbères. Tout en faisant pièce à l'historiographie française, notamment celle datant de l'époque coloniale, pour qui l'existence de ces hauts-lieux de civilisations date des « siècles obscurs », selon les termes de Réné Pierre, égyptologue français, M. Sahraoui insiste sur le génie berbère qui a conduit à l'édification de ces pyramides dont il appelle à leur classification parmi les merveilles du monde. « Ces constructions non seulement cachent des secrets et des zones d'ombre qu'aucun chercheur dans le monde n'est parvenu à expliquer, mais elles témoignent du savoir-faire du peuple amazigh qui maîtrisait à la fois les calculs, la géométrie, l'énergie... », soutient-il non sans mettre l'accent sur le caractère profondément spirituel qui caractérise ces lieux de sépulture. « A travers cet exemple, je tiens à rappeler l'apport incommensurable de l'homme amazigh à la civilisation humaine », affirme le chercheur en mettant en avant les relations très fortes qui liaient les Amazighs à leurs voisins grecs. Un rapprochement illustré par une inscription grecque sur une façade de l'un de ces Djeddars.