Le football algérien, particulièrement le Mouloudia d'Alger, vient de perdre une icône de la période coloniale et des premières années post-indépendance, l'inégalable numéro neuf, Omar Hahad, baroudeur exceptionnel du Doyen de 1940 à 1962. Et si, selon des amis et coéquipiers encore en vie, Omar Hahad dégageait l'apparence d'un joueur réservé et très calme dans sa vie de tous les jours malgré sa morphologie de mustang qu'il a, d'ailleurs, gardée en dépit de son âge (plus de 80 ans) et des tumultes de la vie, sur le terrain, par contre, le buteur se métamorphosait en machine de guerre à exploser les défenses et fusiller les plus célèbres gardiens de but des grands clubs. « Je jouais, tout comme mes partenaires, un double rôle, celui de gagner sportivement et politiquement contre les clubs colons », avait-il affirmé en aparté récemment lors d'une conférence sur la sortie d'un livre de Djazouli au forum d'El Moudjahid. Originaire de la Petite-Kabylie, Omar Hahad est natif de La Casbah où il grandira avec son frère, le chahid Abderezak. Dès 1942, il signe une licence en minimes chez le Red Star4 Alger pour arriver en juniors vers 1946. Le talent révélé, Hahad opte pour le Mca avec une licence B où rapidement il gagnera une place d'avant-centre racé. Fougueux, très malin et toujours bien placé, Hahad était devenu le « tirailleur » du Mouloudia contre le Gallia, l'ASSE, LO Hussein Dey, le FC Blida... s'affirmant meilleur chasseur de buts à complexer la vedette, l'Argentin Albor et défier le défenseur bulldozer Gitan. « C'était notre fierté et notre footballeur représentant de notre algeriannité », témoigne Hamid Zouba. Hahad gagnera plusieurs titres avec le Mca durant la période coloniale et contribuera en tant qu'entraîneur à l'accession du Mouloudia en division 1 en 1968. Le joueur combattant et terreur des clubs colons a tiré sa révérence, hier, dans le calme de son âge à son domicile à Zghara. Il repose au cimetière de Sidi Bennour. Chapeau bas « Monsieur buts ».