L'issue à la question yéménite, qui a été, cette semaine, au centre d'entretiens entre le président François Hollande et ses homologues arabes du Conseil de coopération du Golfe, à Riyad, d'abord, puis de John Kerry avec le roi Salmane, le souverain saoudien dont le pays a pris la tête d'une coalition qui lutte contre Ansar Allah (Houthis) et, enfin, d'une réunion à Paris entre le secrétaire d'Etat américain et son homologue français, Laurent Fabius, et les chefs de la diplomatie du CCG, est-elle pour bientôt ? Selon Khalid al-Attiyah, le ministre qatari des Affaires étrangères, Abd Rabbo Mansour Hadi, le président yéménite en exil, souhaite convoquer un congrès sous les auspices du secrétariat général du CCG le 17 mai à Riyad, auquel prendraient part toutes les parties yéménites qui soutiennent la légitimité, la sécurité et la stabilité du Yémen. C'est la première fois qu'une date est avancée pour l'ouverture d'une conférence de paix au Yémen, où une coalition militaire menée par l'Arabie saoudite mène depuis le 26 mars des raids pour empêcher Ansar Allah et leurs alliés, des militaires restés fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh, de prendre le contrôle total du pays. Le président français, qui était, mardi dernier, l'invité d'honneur du sommet du CCG, appuie cette proposition de pourparlers à Riyad. Ansar Allah et leurs allies appellent, eux aussi, au dialogue mais pas en terre saoudienne, disent-ils. « Le dialogue entre les forces politiques était en cours à Sanaâ, avant le début de l'agression. Et nous exigeons sa reprise, là où il a été interrompu. Tout autre option, à Riyad ou ailleurs, ne nous concerne pas », a déclaré Mohamed al-Bakhiti, un dirigeant d'Ansar Allah, demandant aux dirigeants de Djibouti qui ont reçu, hier, John Kerry, de ne pas permettre que leur pays serve de tremplin à une attaque contre le Yémen qui sera, dit-il, « le cimetière » de « tous ceux qui seraient tentés par une invasion extérieure ». Preuve de cette résistance promise : les miliciens houthis ont tiré, hier, des obus de mortier et des roquettes de Katioucha sur Najrane, une ville frontalière saoudienne. Ils auraient tué 3 personnes. Conséquence de ces tirs : les écoles de la ville ont fermé et la compagnie aérienne nationale Saudia a annoncé la suspension de ses vols intérieurs vers Najrane jusqu'à nouvel ordre. Hier, à Aden, 32 civils ont été tués et 67 blessés par des tirs d'obus alors qu'ils tentaient de prendre la mer depuis un petit port de pêcheurs. Ismaïl Ould Cheikh Ahmed, le nouveau médiateur de l'ONU au Yémen, qui sera aujourd'hui à Riyad, réussira t-il à relancer les négociations ? Kerry veut une pause humanitaire Sur proposition des Nations unies et des Etats-Unis qui ont mis en garde contre une catastrophe humanitaire, Riyad envisage une pause prochainement au Yémen. « C'est pour permettre l'acheminement de l'aide humanitaire », explique dans un communiqué Adel Al-Jubeir, son nouveau ministre des Affaires étrangères. Johannes van der Klaauw, coordinateur humanitaire de l'ONU pour le Yémen, a déclaré, samedi dernier, que « les services encore en fonction dans le pays en termes de santé, d'eau et de nourriture sont en train de disparaître parce que le pétrole n'y entre plus ». Il évalue à 300.000 le nombre de personnes qui ont été déplacées à cause du conflit qui a affecté un tiers de la population (7,5 millions de personnes). Selon les hôpitaux locaux, la guerre a fait plus de 1.200 morts et 5.000 blessés. Certains, selon l'organisation non gouvernementale Human Rights Watch, par des munitions à fragmentation, interdites par un traité international.