Hier, c'était au tour d'Abdelouahab Redha, ex-responsable de la sécurité personnel de Abdelmoumène Khalifa, de passer à la barre. Condamné à 5 ans de prison lors du procès de 2007 pour association de malfaiteur, vol et escroquerie, cet ex-militaire qui a fait l'ENITA, s'est embarqué dans le bateau Khalifa le 2 octobre 2001 avec un contrat qui ne détermine pas sa fonction. Devant le juge, il a explique qu'il a connu Abdelmoumène Khalifa à l'université. Il dira qu'une semaine après sa mise à la retraite, il a contacté Rafik Khelifa pour lui demander du travail. « Il m'a dit qu'il n'avait pas de poste pour mois, mais il m'a proposé de rester avec lui au siège en attendant de me trouver quelque chose », précise-t-il. Le juge a reproché au mis en cause d'avoir effectué plusieurs fois des retraits d'argent au profit d'Abdelmoumène Khalifa sans présenter le moindre document au caissier principal de Khalifa Bank. L'accusé avoue qu'il a retiré une première fois 20 millions de centimes pour payer le personnel de la maison, un deuxième retrait de 20 millions remis à Abdelmoumène et un troisième de 500.000 DA. Il a affirmé n'avoir jamais bénéficié de crédits ou autres avantages car il touchait un bon salaire (150.000 DA) à cette époque. Concernant le Libanais Ragheb Echamakh, l'accusé dira qu'il était conseiller du PDG à l'étranger. A une question de l'avocat d'Abdelmoumène Khalifa sur les voyages à l'étranger en compagnie de son PDG, l'accusé dira que c'était uniquement pour donner une belle image de l'Algérie et développer les investissements du groupe et non pour transférer de l'argent illégalement. Mouloud Toudjane, ex-banquier de la BNA, directeur de la comptabilité et du budget à Khalifa Bank, accusé d'association de malfaiteurs et de vol pour lesquels il a écopé deux années de prison ferme lors du procès de 2007, a nié être au courant des retraits effectués par Abdelmoumène Khalifa. « J'ai entendu parler de ces retraits le jour du procès en 2007 », affirme-t-il, confirmant qu'il a bénéficié de deux crédits de 50 millions et de 90 millions qu'il a remboursés. Interrogé par le procureur de la République sur le transfert de 358.000 dollars à la banque américaine Santa Monica pour réaliser un documentaire sur l'empire Khalifa, l'accusé dira n'avoir jamais pris connaissance de cette affaire. « En tant que directeur de la comptabilité et du budget, vous n'avez pas trouvé grave la découverte d'un trou financier estimé à 3,2 milliards de dinars ? », questionne le juge. « Oui, bien sûr, c'est énorme », répond l'accusé qui nie avoir rencontré Mir Ahmed, inspecteur général à Khalifa Bank. Il confirme également qu'il n'a entendu parler de la suspension de 11 écritures comptables qu'en 2007. Appelé à la barre par le juge, Dellal Ouahab, chef du service de la sécurité chargé de la surveillance des transferts de fonds et de l'accompagnement des délégations étrangères, est accusé d'avoir contracté un crédit bancaire chez Khalifa Bank sans aucun document. « J'ai bénéficié d'un crédit de 2 millions de dinars pour acheter un appartement que j'ai remboursé. » « Vous touchez un salaire de 18.000 DA, comment avez-vous pu rembourser ce prêt ? », interroge le juge. « J'ai contracté un prêt de 109 millions de centimes auprès de la société qui m'emploie actuellement », explique l'ancien inspecteur de police. Concernant le retrait d'argent de la caisse principale qu'il a effectué, il dira avoir reçu l'ordre de Chachoua Abdelhafid d'aller à la caisse principale où Kaci Ali lui a remis un sac et une enveloppe scellés qu'il devait remettre à son chef au niveau du siège de la banque. Un mois après, il a refait la même opération sans signer ou récupérer de document, fera-t-il savoir. Le juge revient à la charge pour lui rappeler qu'il a déclaré au juge d'instruction avoir accompli cette opération plusieurs fois et non deux fois. « Vous ne vous êtes pas demandé si cette mission est légale ou non ? » « Non, Monsieur le président, je ne pouvais pas refuser une mission de la part du chef. » Le juge pose la même question à Chachoua Abdelhafid. « J'ai exécuté les ordres de Samaïl Krim, PDG adjoint, et d'Abdelmoumène Khalifa. » Yacine Ahmed, l'ex PDG de l'entreprise Agromed, a réfuté toute mauvaise intention en déposant 350 millions de dinars chez Khalifa Bank sans aucune garantie. « Vu la difficile situation d'Agromed, la banque Khalifa a été une bouée de sauvetage car à cette époque, les importateurs des médicaments ne m'autorisaient à prendre que 2% sur les bénéfices alors que Khalifa a proposé 50% ».