L'audition a duré plus de deux heures pour arriver à comprendre comment Amghar Mohamed Arezki, retraité de la BNA, a pu contracter un prêt de 1,5 milliard de centimes pour l'achat d'un logement, sans aucune pièce comptable ou échéance de remboursement. L'accusé a expliqué qu'un accord verbal lui a été donné par Abdelmoumène Khelifa pour le retrait de l'argent du compte de la société domiciliée à Khalifa Bank. Poursuivi pour association de malfaiteur, vol et escroquerie, l'accusé a tenu à préciser au président du tribunal criminel qu'il s'agit bien de la demande d'un prêt et non d'un crédit bancaire. Mais il sera surpris lorsque le magistrat évoquera un crédit de 450 millions de centimes sans intérêts qu'il a obtenu de Khalifa Bank en 1998. « Je l'ai remboursé », a rétorqué Amghar. « Et pourquoi n'avez-vous pas remboursé le prêt ? », lance le président du tribunal. « J'attendais que le groupe me fixe un échéancier », se défend-il. Mais le juge lui signale qu'une année après le retrait de l'argent, il n'avait pas encore entamé l'opération de remboursement. « Comment avez-vous remboursé le crédit de 450 millions ? », demande Antar Menouar. « Lorsque j'ai obtenu le prêt de 1,5 milliard de centimes, j'ai remboursé le prêt et par la suite acheté un appartement à Khelifa Boukhalfa à plus de 900 millions de centimes », explique l'accusé, affirmant qu'il a laissé la société KRC en bonne santé financière avec 2 milliards de centimes de bénéfices. « Mais le rapport du liquidateur Omar Tiguemounine dit le contraire. La société a été déclarée en faillite et 40 voitures avaient disparu », intervient le procureur de la République, Mohamed Lazreg Erras, signalant que 10 véhicules mis à la disposition de la manifestation de l'année de l'Algérie en France n'ont pas été retrouvées également. « Avant que le liquidateur arrive, la société fonctionnait très bien », insiste l'accusé, qui a tenu à préciser que le prêt n'était pas un don d'Abdelmoumène Khelifa comme le liquidateur l'avait noté dans son rapport. Second accusé, Noureddine Dahmani. Cet ancien directeur du personnel navigant de la compagnie Khalifa Airways a été condamné à deux ans de prison avec sursis pour abus de confiance, vol, escroquerie et association de malfaiteurs, lors du procès de 2007. La justice lui reproche d'avoir contracté un prêt bancaire de 250 millions de centimes sans avoir fourni également un dossier, comme le prévoit la réglementation sur le crédit et la monnaie. Dahmani explique à l'instance judiciaire qu'il a rencontré Abdelmoumène Khelifa lors d'un voyage et qu'il a profité de l'occasion pour lui demander l'octroi d'un crédit. Chose faite à travers un accord verbal suite auquel il a adressé une demande à la banque pour obtenir son « prêt social ». Interrogé par le procureur sur d'éventuels avantages accordés aux enfants des personnalités, notamment dans le recrutement, Noureddine Dahmani dira : « Je n'acceptais jamais une personne qui ne répondait pas au profil demandé. » Dépassement dans les règles prudentielles de la banque Mimi Lakhdar, commissaire aux comptes de Khalifa Bank de 1998 à 2000, accusée d'avoir fourni de fausses informations et dissimulé d'autres aux enquêteurs, s'est servie de sa démission de Khalifa Bank en 2000 à cause de l'incapacité de la banque à arrêter les comptes, comme le prévoit la réglementation. « La banque a accusé un retard de 18 mois pour présenter le budget 1999-2000. Par la suite, elle a demandé six mois de prolongation qui lui ont été accordés par la Banque d'Algérie », explique l'accusé, qui avoue avoir remis, un rapport à la DG de Khalifa Bank et à la Banque d'Algérie pour les avertir sur les facilités avec lesquelles étaient accordés les crédits et qui dépassaient les 20% autorisés par la Banque d'Algérie. Le président du tribunal intervient et lui rappelle l'article 830 relatif au code du commerce qui pénalise les commissaires aux comptes dissimulant des informations à la justice. « Vous auriez dû attirer l'attention du procureur en déposant une plainte sur les dépassements constatés dans la gestion de la banque », dira le juge. « J'ai avisé la DG de Khalifa Bank et la Banque d'Algérie a dépêché des enquêteurs. J'ai appliqué les articles 168 et 173 relatifs aux infractions bancaires », argumente Mimi Lakhdar, qui précise, toutefois, que n'importe quelle banque peut enregistrer un dépassement dans les règles prudentielles.