Belaïd Kechad a reconnu avoir prêté 1 milliard 500 millions de centimes à Ighil Meziane, consultant en sport du groupe Khalifa. Les débats d'hier ont été consacrés à la poursuite de l'examen du dossier des dépôts des grandes sociétés et celui des agences, des crédits bancaires accordés et du sponsoring. Le premier accusé à être auditionné est Amghar Mohamed. Agé de 50 ans, il est poursuivi pour vol qualifié, abus de confiance et association de malfaiteurs. Il a exercé pendant 28 ans à la Banque nationale d'Algérie. Une fois en retraite, l'accusé avait alors rencontré un certain Kebbache Ghazi, oncle maternel de Abdelmoumen Khalifa, en lui proposant de travailler à la Banque El Khalifa qui était à la recherche de cadres expérimentés pour son démarrage. L'aubaine qui lui a été présentée a été concrétisée par sa rencontre avec Abdelmoumen Khalifa en personne. Ce dernier lui demanda de choisir entre le poste d'inspecteur général ou de directeur de crédits. Finalement, il opta pour celui de directeur général de l'administration au niveau de Khalifa Bank à partir du 1er octobre 1998. La présentation ainsi faite, c'est le déluge des questions habituelles et routinières. Mais attention aux faux pas, car ce sont des moments de vérité qui peuvent faire basculer les choses d'un côté comme de l'autre. «Une fois en poste, quel était votre salaire?» lui demanda la juge. «J'ai commencé avec 75.000DA pour arriver, par la suite, à 150.000DA», avouera-t-il. «Que faisiez-vous au juste à la banque?», répliqua la juge. L'accusé énuméra toutes ses tâches en précisant qu'il s'occupait de ce qui était lié aux affaires internes de la gestion de la banque, des circulaires, des règlements, mais également du dossier des prêts contractés par les clients. Le «fameux» volet de prêt n'a pas laissé indifférente Mme Brahimi, puisque cette dernière a voulu savoir s'il avait bénéficié d'un crédit de la part de Khalifa Bank. M.Amghar reconnaît devant le tribunal avoir bénéficié de 4,5 millions de dinars, soit 450 millions de centimes et ce, dans le but d'acheter un logement. «Mais entre le jour de vos débuts à la banque privée et la date du prêt, il n'y avait que dix mois seulement», fait-elle remarquer pour dire qu'il y avait quelque chose d'anormal. Elle ajoute: «Bon, à combien s'élevait le taux d'intérêt dont vous deviez vous acquitter à la faveur de ce prêt?» L'accusé répondra: «3%, Madame. Toutefois, on s'était entendu pour que la somme de 5 millions de centimes soit déduite de mon salaire.» Ce fut ensuite à l'ex-directeur de l'agence de Khalifa Bank de Blida, Kechad Belaïd, d'être auditionné. Accusé de vol qualifié et falsification de documents, cet ancien de la BDL, qui y a exercé de 1992 à 1998, a répondu aux questions pertinentes de la juge qui a essayé à tout prix, de le coincer et d'avoir des réponses. La juge voulait tout d'abord confirmer s'il avait fait de la prospection pour inciter des clients importants à déposer leur argent au niveau de son agence. L'accusé répondra par l'affirmative. «Quel était votre plus grand client à Blida?» réplique la juge. «L'Opgi de Blida avec 50 milliards de centimes», répondra-t-il. Une réponse qui contredit, toutefois, les déclarations d'un responsable au niveau de cet office qui a confirmé à L'Expression, avant l'ouverture du procès, que l'Opgi de Blida avait déposé au niveau de l'agence Khalifa de Blida plus de 69 milliards de centimes. Mme Brahimi, la présidente de la cour, intervient pour demander des précisions: «Que proposiez-vous à vos clients?» «Surtout un taux d'intérêt attrayant avec plus de 13%.» L'accusé reconnaîtra aussi qu'il a parcouru plusieurs régions pour contacter des clients potentiels, notamment à l'est et à l'ouest du pays, pour les inciter à déposer au niveau de son agence. Cette réponse a fait vite réagir la juge en le traitant de directeur ambulant. «Votre poste était basé à Blida, alors que vous étiez un peu partout!» s'exclama-t-elle. L'accusé finira par reconnaître certains faits et ce, grâce aux questions pièges de la juge. Il a reconnu avoir prêté 500 millions de centimes au directeur adjoint de l'Opgi de Constantine pour l'inciter à déposer l'argent de cet office à l'agence de Blida. Il a également reconnu avoir prêté 1 milliard 500 millions de centimes à Ighil Meziane, consultant en sport du groupe Khalifa. La star du football algérien, en l'occurrence Ighil Meziane, devait, par ailleurs, être le dernier à passer à la barre, hier. Il lui est reproché les chefs d'inculpation d'association de malfaiteurs, de vol qualifié et abus de confiance. Devant le juge d'instruction, il avait nié, le 6 juillet 2005, ces accusations.