L'EHS Sbihi Tassadit, spécialisé en gynéco-obstétrique, « souffre » du niveau de son plateau technique et médical. Sa réputation de meilleure prise en charge des parturientes notamment les primipares (premier accouchement) fait qu'aujourd'hui cette clinique s'avère exiguë, obligeant de fait les personnels à renvoyer des patientes, faute de places. Avec 50 à 60 admissions et 30 accouchements avec une moyenne de 10 par césarienne par jour pour un espace d'accueil de 82 lits, les personnels médical et paramédical vivent sous pression. Selon Mme Iftène, la directrice de cet établissement, 2159 accouchements dont 979 césariennes ont été réalisés durant le 1er trimestre 2015. Les parturientes viennent du centre du pays, voire de plus loin. « Nous avons reçu une parturiente venue de M'sila », nous dira un médecin de cet établissement. En fait, cette structure souffre surtout de l'absence de l'entre-aide de leurs confrères des autres wilayas, notamment Boumerdès, Bouira et Béjaia qui ne manquent pas de gynécologues. « Nous interpellons le ministère de tutelle pour que les structures de ces wilayas assurent les gardes normalement », nous dira une sage-femme de cette clinique. « Les hôpitaux de Thénia et Lakhadaria se retrouvent avec au moins 7 à 8 gynécologues chacun, ils peuvent assurer les gardes normalement », dit-elle. Pour cette sage-femme, « n'eut été le flux des autres wilayas, les parturientes de Tizi Ouzou auraient été normalement prises en charge ». Le docteur Rimani Arezki, gynécologue à l'EHS, rencontré lors de la journée d'étude consacrée aux urgences gynéco-obstétricales au CHU de Tizi Ouzou, est catégorique : « souvent les cas les plus délicats viennent des régions limitrophes car c'est à l'ultime phase que ces malades sont évacuées et une fois arrivées à Tizi Ouzou, il est parfois déjà trop tard ». D'autant, souligne Mme Iftène, « que des parturientes arrivent à l'improviste sans aucun document quant à leurs antécédents de santé, ce qui ne facilite pas leur prise en charge immédiate ». Traînant derrière elle un passif peu réjouissant, cette clinique est en train de redorer son blason et d'effacer cette étiquette de mouroir. « La clinique Sbihi est plus que saturée. Nous demandons un peu d'indulgence car nous œuvrons chaque jour à améliorer les choses et elles sont en train d'évoluer positivement », dira Mme Ifrene qui estime qu'avec « une moyenne de 30 décès pour 100.000 accouchements, la clinique est en dessous des normes nationales qui sont de 86 décès pour 100.000 accouchement et 110 chez nos voisins ».