Trois thématiques seront abordées par les experts, lors de ces deux journées : les changements climatiques, le développement des énergies renouvelables et la gestion des déchets. « Ces questions nous interpellent en raison des phénomènes de sécheresse et de désertification que vit notre région », a souligné El Hadj Belkateb. Situation que confirme Samir Gribes, cadre au ministère des Ressources en eau et de l'Environnement, en brossant un tableau apocalyptique des effets des changements climatiques sur beaucoup de pays, dont l'Algérie qui présente, elle aussi, une grande vulnérabilité. Cette dernière est aisément visible sur le plan de l'aridité des sols, de la sécheresse avec une baisse inquiétante du niveau de la pluviosité. On enregistre à cet effet « 13 millions d'hectares de terres qui sont impactés par l'érosion dont quatre millions plus ou moins grave », dit-il, « soit 400.000 d'hectares de terres perdues chaque année dans les régions de Chlef et Mascara » avec comme conséquences « l'envasement des barrages et la diminution des ressources hydriques. » Gribes cite des études qui montrent une baisse persistante de la pluviosité alors que les inondations qu'a connues l'Algérie ces dernières années ont autant de « phénomènes extrêmes » liés aux changements climatiques. « Il y a eu, poursuit-il, une baisse de 10% de la pluviosité ces vingt dernières années, ce qui s'est répercuté négativement sur la production agricole avec une baisse des rendements de céréales, par exemple. » La hausse des températures a également des effets sur l'appauvrissement du couvert végétal et l'apparition de certaines maladies touchant le bétail. C'est tout un « désert végétal qui s'est créé dans la région d'El Bayadh avec la réduction de l'alfa sur la période allant de 1980 à 2002 ». Les changements climatiques sont à l'origine aussi de bouleversements favorisant l'apparition de « micro-organismes » (les phytoplanctons) très résistants aux hautes températures, comme on a pu le constater sur la baie d'Alger, ainsi que sur les plages d'Aïn Témouchent, Bejaia ces dernières années. « Heureusement que ces espèces ne sont pas toxiques comme c'est le cas dans beaucoup de pays », souligne Gribes. Cela peut avoir des retombées sur l'activité économique, le tourisme et la pêche. « Les changements climatiques ont tendance à amplifier l'érosion côtière », note encore cet expert en environnement. Sur les répercussions économiques de ces changements, Gribes parle de « coûts de l'ordre de 1,3 à 4,3% du PIB », soit des pertes directes de l'ordre de 470 milliards de dinars par an. Des effets dommageables pour un pays comme l'Algérie qui « s'appuie sur la relance de son agriculture pour la diversification de son économie. » Selon le représentant du ministère des Ressources en eau et de l'Environnement, le diagnostic est fait, la stratégie identifiée et « sa mise en œuvre est prévue d'ici la fin de 2015 ». Plusieurs actions sont déjà proposées à cet effet. Il parle de 74 en tout. Exemple : la mise en place d'une carte de vulnérabilité des régions aux changements climatiques. Sur le plan international, l'Algérie s'implique aussi dans plusieurs cadres institutionnels (à l'instar de la conférence internationale sur les changements climatiques) et s'efforce de faire adopter des mécanismes d'appui et de financement aux pays les moins nantis. La conférence a également vu l'intervention du professeur Thomas Stocker de l'Université de Berne (Suisse) et vice-président du groupe d'experts intergouvernemental sur les changements climatiques (GEIC). L'expert a rappelé le dernier rapport publié en novembre 2014 sur la question, précisant que le réchauffement climatique continuera à « amplifier les risques qui existent déjà ». « L'objectif est de réduire les gaz à effet de serre et d'aller à moins de 2 degrés de réchauffement », explique-t-il.