Devant des membres du gouvernement et des représentants des institutions financières, le président de l'APN, Mohamed-Larbi Ould-Khelifa, a signalé que le but de cette journée parlementaire, consacrée à l'économie nationale, est de rassembler dans le même espace les entreprises, les institutions et les hommes d'affaires afin d'encourager le secteur privé à aller davantage vers un développement économique durable. « Changer les mentalités et valoriser les ressources humaines, l'intelligentsia, dans un monde de globalisation où le tiers-monde, dont on fait partie, essaie de se trouver une place, sur un marché dominé par l'économie financière et les multinationales », explique-t-il dans son discours d'ouverture, estimant que les réformes engagées, ces dernières années, « commencent à porter leurs fruits ». La plus importante de ces réformes, selon lui, est l'effacement de la majeure partie de la dette extérieure de l'Algérie, dont ne subsiste qu'une infime partie estimée à moins de un milliard de dollars. « L'Etat encourage l'esprit de partenariat qui contribue à la création de la richesse. La création d'une valeur-ajoutée nécessite la contribution de tous, dans un processus de complémentarité. Notre but est de composer, tous ensemble, une symphonie économique », affirme-t-il. Le ministre des Finances, Abderrahmane Benkhalfa, a, pour sa part, assuré que malgré les critiques faites à l'économie nationale, l'Algérie a connu, entre 2000 et 2015, le volume d'investissements le plus important dans la région qui s'est traduit par une croissance du PIB de plus de 30%. Toutefois, il a préconisé le passage progressif des investissements sur le budget public vers le secteur privé. « Une alliance pour la croissance est nécessaire. Il ne faut plus compter que sur les dépenses publiques. Des secteurs ont, certes, émergé, mais grâce aux investissements publics directs et aux commandes publiques », fait-il remarquer, assurant que la croissance doit être portée par l'efficience. Les représentants des chefs d'entreprise présents et des hommes d'affaires se disent prêts à relever le challenge de la production nationale à condition que les outils nécessaires soient disponibles. Or, pensent-ils qu'il y a un « hic » dans la faisabilité. Le président du Forum de chefs d'entreprise, Ali Haddad, a signalé des écueils qui rendent difficile la tâche des entreprises. « Des difficultés pour accéder aux crédits financiers et au foncier industriel, notamment. Ce sont les deux principaux obstacles pour la création d'entreprises. On crée 20.000 entreprises par an dont la moitié disparaît, au lieu de 60.000 au moins », note-t-il. Il relève, dans ce contexte, que si les pouvoirs publics veulent réellement que l'entreprise joue son rôle, il faudra mettre en œuvre une politique financière équitable et lever l'embargo sur le foncier industriel. « Mais y a-t-il réellement une volonté politique pour soutenir l'entreprise et la production nationale ? », s'interroge le PDG de Cevital, Issad Rebrab. « L'Algérie a toutes les compétences et les ressources mais son économie n'en profite pas », ajoute-t-il, rappelant que le foncier est hors de prix et les financements durs à décrocher. Rebrab a indiqué que l'Algérie est le seul pays au monde où des autorisations sont obligatoires pour lancer des projets industriels. « Les autorisations sont un blocage en soi. En tout cas, si on veut développer notre économie, on a intérêt à le faire maintenant. Car d'ici 2020, on se retrouvera avec moins de ressources, plus de 50 millions de citoyens à nourrir et des millions de chômeurs à qui il faudra trouver des postes d'emploi », avertit-il.