Dans cette stratégie de lutte, la décision de transférer le siège du commandement au cœur de Maiduguri « jusqu'à ce que Boko Haram soit totalement étouffé », a promis le chef d'Etat nigérian, est, par-delà la portée symbolique du redéploiement militaire, l'expression d'une volonté de combattre et d'éradiquer le terrorisme. La délocalisation institue une « base de commandement avancée, sans autre corps de structure de commandement » qui sera renforcée par un autre centre de commandement et de contrôle établi dans la ville voisine de Yola, capitale de l'Etat d'Adamawa, dotée d'une base aérienne. « A partir de maintenant, la lutte contre le terrorisme et l'insurrection va être supervisée, coordonnée et dirigée depuis ce centre », a annoncé le porte-parole de l'armée, Sani Usman. La campagne de Buhari, baptisée « Zaman Lafiya » (paix en langue haoussa très répandue dans cette région du Nord-Est), s'appuie également sur le soutien des pays de la région et des institutions multilatérales interpellées pour contribuer à la reconstruction des zones affectées et la réhabilitation des personnes déplacées. Lors de sa rencontre avec ses homologues nigérien, Issoufou Mahamadou, et tchadien, Idriss Deby, une approche sécuritaire globale a été développée pour conforter une coopération qui commence à faire ses preuves en enregistrant les premiers succès tangibles aux frontières communes. A N'djamena, les deux dirigeants ont ainsi convenu de la nécessité de rendre rapidement et pleinement opérationnelle la Force multinationale interarmées (MNJTF), tout en appelant la communauté internationale à fournir à la commission du bassin du lac Tchad et les pays voisins tout l'appui nécessaire. Le plan de lutte s'élargit aux autres pays de la région, comme le Cameroun et le Bénin présents à la rencontre des chefs d'état-major organisée, hier, à Abuja. La rencontre des principaux responsables militaires des 5 pays alliés (Nigeria, Niger, Tchad, Cameroun, Bénin), en prélude au sommet des chefs d'Etat, scelle une convergence stratégique susceptible de consolider le front régional de lutte contre Boko Haram poussé dans ses derniers retranchements. Lancée en mars par l'Union africaine, la force multinationale (10.000 hommes des pays du bassin du lac Tchad et du Bénin), censée être opérationnelle en novembre prochain, est placée sous commandement nigérian avec son quartier général inauguré, le 25 mai, à N'djamena. A Abuja, une coalition se met en place pour vaincre Boko Haram prêtant allégeance à Daech.