Entre la Cisjordanie et la bande de Ghaza, le courant ne passe plus. Pis, le climat est aux échanges d'accusations. Rami Hamdallah, le Premier ministre, a remis, hier, la démission du gouvernement d'union qu'il dirige depuis le 2 juin 2014 à Mahmoud Abbas, le président palestinien. « Rami Hamdallah a remis sa démission à Mahmoud Abbas qui lui a ordonné de former un nouveau gouvernement », affirme Nimr Hamad, un conseiller politique du président palestinien. « Le Premier ministre doit commencer immédiatement ses consultations avec tous les mouvements palestiniens, y compris avec le Hamas », dit-il. Raisons de cette démission demandée, mardi dernier, par Abbas lors de la réunion du Conseil révolutionnaire du Fatah, son parti ? Deux pistes sont avancées. La première présente cette démission comme l'expression d'une incapacité de ce gouvernement formé dans le cadre du « processus d'union nationale » entre le Fatah et le Hamas, à mettre fin à des années de divisions entre les deux frères ennemis qui ont tourné à la guerre civile en 2007 et surtout à préparer de nouvelles élections, législatives et présidentielle. Pour les adeptes de cette explication, le « limogeage » de ce gouvernement, au moment où la perspective de création d'un Etat palestinien est relancée, ne fera qu'éloigner une possible réconciliation entre Ghaza, ce « baril de poudre », selon les mots du chef de la diplomatie allemande, et la Cisjordanie. La seconde : les discussions secrètes qu'aurait menées Hamas avec Israël grâce à des intermédiaires arabes et Européens pour conclure une trêve durable, relâcher le blocus israélien et construire un port maritime flottant pour la bande. Fatah n'aurait pas accepté d'être « court-circuité ». « Un cessez-le-feu entre Hamas et Israël est important, mais pas aux dépens de notre peuple et de notre unification territoriale », indique Nabil Abou Roudeina, un conseiller du président palestinien. Et d'ajouter : « L'Autorité est favorable à un cessez-le-feu avec Israël, mais pas en tant que préambule à un Etat palestinien avec des frontières temporaires. » « Si l'Autorité accepte la possibilité d'un accord entre Hamas et Israël qui lui échapperait, c'est toute l'idée d'un Etat palestinien qui disparaît complètement », a laissé entendre la direction de l'OLP. Le mouvement qui est au pouvoir à Ghaza refuse cette dissolution. « Hamas rejette tout changement unilatéral de gouvernement sans le consentement de toutes les parties », a déclaré Sami Abou Zouhri, porte-parole du Hamas. Ziad al-Zaza, un haut responsable du Hamas, nuance la position de son mouvement. Il suggère à Abbas, qui a annoncé plus d'une fois son intention de se rendre dans la bande de Ghaza, d'accélérer le processus de réconciliation, de nommer un gouvernement plus politique « avec tous les mouvements nationaux et islamiques ». A Ghaza, les radiotélévisions contrôlées par Hamas accusent Abbas de « se comporter en dictateur », à Ramallah, les médias liés à Fatah dénoncent l'« irresponsabilité » de Hamas. Israël va-t-il une nouvelle fois exploiter les dissensions entre les deux mouvements palestiniens ?