L'aviation de la coalition menée par l'Arabie saoudite, qui soutient le gouvernement yéminite en exil, a lancé, hier, à l'aube, quinze raids contre des positions des rebelles chiites houthis autour d'Aden, dans le sud du pays. Les raids se sont concentrés sur les entrées nord, est et ouest de la ville. « L'objectif est de desserrer l'étau des Houthis sur Aden et d'aider les comités de résistance populaire (les combattants hostiles aux rebelles) à regagner le terrain perdu », a expliqué un responsable de l'armée yéménite. Les rebelles ont, de leur côté, bombardé des quartiers d'Aden, tuant quatre personnes et blessant de nombreuses autres, a indiqué le même responsable. Les combats sont si intenses qu'un navire chargé d'une aide du Programme alimentaire mondial (PAM) n'a pas pu accoster le port d'Aden. Le bateau, chargé notamment de farine, a été dérouté sur le port de Hodeïda (ouest), aux mains des rebelles. Le vice-gouverneur d'Aden, Nayef al-Bakri, accuse les Houthis d'avoir intentionnellement empêché le navire d'accoster. « Ils veulent priver de ces aides les habitants d'Aden qui résistent à leur présence », a-t-il dit. Les habitants de cette ville s'attendaient à une trêve humanitaire à l'occasion du Ramadhan. La situation humanitaire est qualifiée de catastrophique. La population manque de tout. Des maladies, comme le paludisme, la typhoïde et la dengue, sont apparues. La capitale Sanaâ est, elle aussi, en proie à des violences. Un attentat à la voiture piégée a été commis, hier, devant une mosquée fréquentée par des chiites. La situation humanitaire est également catastrophique. « 80% de la population, soit 21 millions de personnes, a besoin d'aide et/ou de protection au Yémen », a déclaré, vendredi dernier, un porte-parole du Bureau de coordination des affaires humanitaire de l'ONU (Ocha), Jens Laerke. La délégation du gouvernement en exil a blâmé les rebelles pour l'absence d'accord vendredi. « Malheureusement, la délégation houthie ne nous a pas permis de parvenir à de réels progrès tels que nous les attendions », a déclaré Ryad Yassine, le ministre des Affaires étrangères, qui s'est toutefois refusé à parler d'« échec ». Il compte toujours sur les efforts de l'ONU. Le chef de la délégation rebelle Hamza al-Houthi s'est pareillement déclaré déçu mais optimiste. « Nous avons tout fait pour que ces discussions soient un succès mais il y avait trop d'obstacles, en particulier la demande pour un retrait » exigée par le gouvernement. « Nous ne pouvons pas nous retirer et laisser un vide mais j'espère que nous pourrons parler à nouveau rapidement », a-t-il dit. Pour l'envoyé spécial des Nations unies, Ismaïl Ould Cheikh Ahmed, un cessez-le-feu au Yémen « a besoin de plus de consultations, mais peut être conclu assez rapidement ». Il va se rendre à New York pour rendre compte au secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, et au Conseil de sécurité et ensuite dans la région pour poursuivre ses efforts de paix. Le diplomate onusien a qualifié les consultations de Genève de « préliminaires ». Il a affirmé que les discussions ont permis de constater qu'il y avait « un terrain favorable » à un accord sur le cessez-le-feu. Il faut « redoubler d'efforts » dans les prochains jours sur cette question, estime-t-il.