Après la série d'attaques menées, mercredi dernier, contre des points de contrôle de l'armée, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi s'est rendu, hier, dans le nord de la péninsule du Sinaï pour dresser un état des lieux de la situation sécuritaire. Des combats d'une rare intensité (17 soldats et 100 terroristes tués) ont opposé dans la localité de Cheïkh Zouweïd, à la frontière avec la bande de Gaza, l'armée et le groupe extrémiste Ansar Beït al-maqdess, prenant la dénomination de Province du Sinaï depuis son allégeance à Daesh en novembre 2014 et revendiquant la plupart des attentats commis dans cette région ainsi que les tirs de roquettes en territoire israélien. Dans la nuit de vendredi à samedi, trois civils, dont deux enfants, ont ainsi été tués dans la chute d'un obus sur leur maison à Cheïkh Zouweïd. La menace terroriste reste donc fortement présente. Elle se décline en attaques quasi quotidiennes de faible ampleur, revendiquées par la noria de groupuscules (Résistance populaire, Molotov et Ajnad Masr) particulièrement actifs au Caire et dans le delta du Nil, ou encore plus spectaculaire pour entretenir la guerre d'usure. L'assassinat du procureur général en plein centre du Caire, légitimé fin mai par la fetwa émise contre les juges après l'exécution de six membres islamistes, s'interprète, selon des experts, comme le passage à une forme plus élaborée du « terrorisme global », incarné par l'organisation Province du Sinaï qui a accéléré sa convergence avec les branches syrienne, irakienne et libyenne de Daesh. Présente dans le triangle formé par les villes d'El Arrich, Raffah et Cheikh-Zouied, cette organisation profite également du chaos libyen pour développer ses capacités opérationnelles qui on rendu possibles l'offensive spectaculaire lancée le 1er juillet contre les forces de sécurité et l'attaque déjouée, le 10 juin, contre le site touristique de Louxor. La bataille du Sinaï est déterminante pour juguler la menace terroriste qui prend des proportions inquiétantes. « Je suis venu saluer les héros des forces armées et leur exprimer ma reconnaissance », a affirmé le président Sissi lors de sa visite pour mieux exprimer les sacrifices dans un combat décisif et le sentiment de communion populaire. « Je salue chaque foyer, chaque mère dont le fils est mort en martyr ou blessé pour l'Egypte », lit-on dans un communiqué du porte-parole de l'armée.