Pour atteindre une participation de 40% au minimum, sinon le scrutin sera considéré comme nul, les transports sont gratuits. Ce référendum, décidé il y a neuf jours, est le second en Grèce après celui de 1974 quand les Grecs se sont prononcés sur la fin de la monarchie. Les sondages donnent le « non » vainqueur à 57%. Bien avant les urnes, les Grecs ont commencé à battre le pavé vendredi et hier. Les partisans du « oui » appuyés par Nouvelle Démocratie (droite), le Pasok (centre-gauche) et To Potami (centre-gauche) ont fait leur démonstration de force au stade Panathénaïque. Ceux du « non » emmenés par le parti de gauche radicale Syriza d'Alexis Tsipras, la droite souverainiste Anel et... les néonazis d'Aube Dorée, ont opté avec pour la place Syntagma. Alexis Tsipras, le Premier ministre, qui souhaite in fine renforcer la voix de la Grèce lors des futures négociations avec la troïka, fait campagne pour le rejet de réformes de cette dernière qu'il juge « trop contraignantes ». Comme le passage de la TVA sur la restauration de 13 à 23% et le report de l'âge légal de départ en retrait à 67 ans. Yanis Varoufakis, son ministre des Finances, juge quasi-impossible d'arriver à réaliser 8 milliards d'euros d'économie entre 2015 et 2016 sans tuer la croissance. Il demande un délai de grâce de 20 ans et un allégement de la dette de 30%. Les deux mobilisent leurs troupes avec trois slogans : « dignité », « justice » et « fierté ». « La Grèce envoie un message de dignité, personne n'a le droit de menacer de diviser l'Europe », dit-il à la tribune devant plus de 25.000 manifestants. « On donne une chance à l'Europe de retourner à la démocratie, on envoie un message d'espoir aux peuples de l'Europe », ajoute-t-il, appelant les électeurs « à surmonter la peur et le chantage » et accusant « les technocrates de l'austérité de vouloir s'emparer de l'Europe ». Quel sort pour la Grèce ? Quelle que soit l'issue du référendum, les problèmes de la Grèce ne sont pas résolus. Si le « oui » l'emporte, les négociations pour cette aide de 50 milliards d'euros pourraient reprendre rapidement mais... sans Tsipras et son gouvernement. « Je ne suis pas un Premier ministre qui reste en place qu'il pleuve ou qu'il vente », dit-il. « Nous pourrions démissionner », a annoncé jeudi dernier son ministre des Finances. Si le « non » gagne, soit les créanciers effrayés par les risques induits par un Grexit, assouplissent leurs exigences...soit la Grèce quitte la zone euro et renoue avec la drachme.Pour reprendre pied, elle pourrait compter sur un support de la Russie et de la Chine qui voudraient « modifier l'échiquier » du Vieux continent. Un échiquier qui bat de l'aile déjà. Outre la Grèce, il y a le Royaume-Uni qui a prévu la tenue d'ici à la fin 2017 au plus tard, d'une consultation sur sa sortie de l'Union européenne et...l'Autriche. 261.159 Autrichiens ont signé une pétition pour réclamer la sortie de l'Autriche de l'UE, ce qui signifie que le Parlement de Vienne doit débattre de la tenue d'un référendum qui poserait cette question. Est-ce la fin de l'Europe ? Selon les analystes, la crise grecque a au moins un mérite, celui de signer la fin d'une certaine idée de l'Europe où on ne respecte que la loi du plus fort.