Hakima. Retenez bien ce prénom. Pour la postérité. Pour l'éternité. Pour une leçon de la vie. Car, c'en est une, Hakima ! Car, Hakima, c'est plus qu'une jeune adolescente. C'est un courage exemplaire, une détermination à toute épreuve, l'épreuve de la mort imminente ; un combat pour la vie, car une foi inébranlable en Dieu, l'acceptation de la loi de la vie et de la mort... Hakima, c'est cette jeune fille qui est allée jusqu'à presque au bout de ce rêve qu'elle clamait haut et fort : « Avoir le bac et mourir ! » Ainsi, priait Hakima autour d'elle. Lorsque, digne, elle gomme sa maladie de son quotidien fait de souffrances depuis déjà quelque temps. Pour se présenter aux épreuves le jour « J » et passer son bachot sur un fauteuil roulant. Hakima se savait pourtant condamnée, elle qui vivait avec son mal, s'y est habituée, l'avait même dompté, suffisamment en tout cas, pour le transcender et poursuivre son cursus scolaire. Ce mal qui la rongeait de l'intérieur, elle ne l'a jamais laissé transparaître à l'extérieur. Jusqu'à ce dimanche fatidique qui a vu s'en aller cette frêle jeune lycéenne sans qu'elle récolte le fruit de son labeur. Qu'elle a tellement bien entretenu, pourtant...Et jeudi est arrivé. Sans Hakima, lauréate avec un près de 14 de moyenne. Chez elle, ce jeudi 9 juillet, point de youyous, de rires de joie, de larmes de bonheur...Hakima s'en est allée trois jours avant la proclamation des résultats du baccalauréat. La mort était au rendez-vous. C'était compter sans le destin, car, il était écrit que pour Hakima, c'était mourir et avoir le bac. Repose en paix, fille-courage. Là-bas, dans ton village de Tizi Ouzou, tes proches, tes amis, tes professeurs ont hérité de cette lumière que tu avais en toi, car tout en te pleurant, ils disent leur fierté de t'avoir connue, en cet hommage pluriel à ton courage singulier, à ton combat modèle, toi qui croyais en la vie. Quelle belle leçon de témérité tu leur as laissée, Hakima ! Toi qui porte bien ton prénom, la sagesse personnifiée, y a pas plus « hikma » que la vie que tu as vécue, courte certes mais si bien emplie. A vie ! D'autres avant toi ont aussi vaincu la mort. Il y a au loin, cette camarade qui le jour de l'examen perd sa mère. Au-dessus du linceul, la jeune candidate se penche et fait une promesse à ce visage qu'elle ne verra plus : « Maman, je te promets d'avoir le bac ! » Et de se rendre à l'examen, la tête chargée de cette promesse, les bras de ses camarades tendus vers ce courage inouï, les éléments de la Sûreté nationale, de la Protection civile, en larmes, compassion et gratitude à la fois pour ce bout de femme qui a forcé admiration et reconnaissance. Et ainsi fut-il. Le bac est arraché avec brio. Promesse tenue.