L'Eurogroupe de la dernière chance a été lourdement marqué par le bras de fer du couple franco-allemand significatif du malaise européen et des divisions béantes. Le sort de la Grèce s'est joué à quatre : entre la chancelière allemande Angela Merkel, le président français François Hollande, le président du Conseil européen, Donald Tusk, et le Premier ministre grec, Alexis Tsipras. A l'aube, même si la menace du Grexit restait persistante, l'option du maintien de la Grèce a finalement prévalu. « Depuis le début, la Commission n'a cessé d'insister sur le fait que nous ne saurions accepter une quelconque forme de Grexit », a lâché le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker. Un « accord à l'unanimité » a ainsi été annoncé par le président du Conseil européen, Donald Tusk, au bout de dix-sept heures de négociations sur le nouveau plan d'aide de 82 à 86 milliards d'euros sur 3 ans. Il a été scellé dans la réunion de l'Eurogroupe, hier après-midi. Le passage par le vote parlementaire, en Grèce et en Europe, est attendu dans la semaine pour confirmer, par « une décision plus formelle, le lancement des négociations, a déclaré à la presse le patron de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem. Au bout de laborieuses tractations, la nouvelle donne impose un douloureux déchirement pour le Premier ministre sauvé certes du désastre, mais contraint de passer par les fourches Caudines des bailleurs de fonds. En rupture totale avec les promesses faites à ses électeurs d'en finir avec l'austérité et, surtout, le refus des réformes draconiennes massivement exprimé lors du référendum du 5 juillet, Tsipras est appelé à assumer dans l'urgence des choix cornéliens préconisés dans la nouvelle « feuille de route » pour conjurer le péril de la banqueroute d'un pays, soumis au contrôle des capitaux, menacé de faillite bancaire et suspendu aux aides d'urgence de la Banque centrale européenne. Prié de résister au « coup d'Etat » par de nombreux twitters comptant parmi les utilisateurs le prix Nobel d'économie américain Paul Krugman et le professeur de mathématiques et physique de Barcelone, Sandro Maccarrone, travaillant d'arrache pied à renouer avec la confiance perdue de ses partenaires, le Premier ministre grec négociant avec « un pistolet sur la tempe » va devoir convaincre également les dissidents de son parti Syriza du bien-fondé du compromis qui garantit le retour à la croissance et à la « stabilité financière ». Tout en étant convaincu d'avoir « livré jusqu'au bout un combat juste », Alexis Tsipras a souligné que « la grande majorité du peuple grec va soutenir cet effort », y compris dans la poursuite des « réformes radicales ». La bataille s'annonce encore plus dure que la victoire au forceps remportée par le front du refus du Grexit. Le chemin de la croissance assurée par la « palette de réformes » contenue dans l'accord, est « long » et « difficile », selon Angela Merkel. Il reste que, selon le président Hollande saluant « le choix courageux » d'Alexis Tsipras, la crédibilité de l'Europe est sauve. La confiance est de retour. Les bourses européennes (+2,05% pour Paris, +1,3% pour Francfort, +1,3% pour Madrid, 0,6% pour Milan, +0,76% pour Londres) et asiatiques (+3% pour Shangaï) en hausse le prouvent et traduisent le regain d'optimisme dans l'Europe qui a rompu avec la logique du pire.