Le 8e Festival international de la littérature et du livre jeunesse (Feliv) poursuit son programme avec l'organisation d'un concert musical animé par P'tit Moh et Juan Carmona à la salle Ibn Zeydoun de Riadh El Feth, Alger. Le concert a permis, durant une heure et vingt minutes, de découvrir une musique raffinée, naturelle avec l'absence de toute amplification. Nombreux sont les férus de ce genre musical qui ont découvert de nouvelles têtes de notre large patrimoine musical. Cet hymne à la musique flamenco, chaâbi et finalement world music est clairsemé de messages d'amour et de paix. Dans ce concert authentique, plusieurs instruments s'épousent pour donner naissance à un tableau des plus impressionnants qui révèle l'âme et les sentiments de chacun. Un programme riche est tracé pour l'occasion. Des solos, des duos et mêmes des trios, mais surtout des improvisations. Accompagné du percussionniste Rabah Khalfa et le pianiste Smaïl Benhouhou, P'tit Moh a entamé ce concert avec une improvisation musicale sur un mode Cika, insiraf nommé « Bossa nasraf », joliment exécuté sur sa mandole. Enchaîné par un passage solo avec Juan Carmona, puis un duo avec P'tit Moh et un trio avec le lauréat d'Alhane Oua Chabab Youba Ajrad sur le morceau « Achak zine ». En dernier, le duo interprète un morceau « Oliva playa », composé avec Ptit Moh. Ce dernier titre est très éclectique où les artistes changent énormément de rythmes. P'tit Moh, de son vrai nom Mohamed Abdennour, est un adepte des musiques traditionnelles. Il est devenu un virtuose du mandole, instrument très présent dans la musique châabi. Multi-instrumentiste, il est aussi un compositeur très apprécié. Il écrit pour Médine, Gnawa Diffusion ou Chico et les Gypsies. Juan Carmona, ce gitan d'origine française, a réussi le tour de force de s'imposer définitivement en Espagne et surtout en Andalousie. Son œuvre majeure « Sinfonia Flamenca » (pour guitare flamenca et orchestre classique) est jouée dans le monde entier. Ces deux musiciens virtuoses, fidèles à leurs origines, démontrent deux choses : la première, que les musiques traditionnelles du pourtour méditerranéen sont en constante évolution ; la seconde, que les liens profonds et ancestraux qui les unissent leur permettent de trouver facilement un langage commun. Juan Carmona, avec son jeu dynamique de guitare flamenca, sa virtuosité et sa façon d'aborder la texture musicale par des touches impressionnistes et teintées de jazz, raconte sa rencontre avec Mohamed Abdennour, l'un des maîtres du banjo et du mandole dans la musique chaâbi. « Ma rencontre avec P'tit Moh a eu lieu à Marseille en marge des festivités de Marseille, capitale de la culture européenne. Nous, les flamenquistes, nous nous sentons très proches de la musique algérienne par les tonalités et les rythmes. Lorsqu'on m'a donné carte blanche à Marseille, j'ai tenu à ce que P'tit Moh soit avec nous. Puis nous avons décidé d'aller plus loin, de chercher les similitudes qui existent entre le flamenco et le chaâbi. Ces deux musiques sont très proches », a expliqué Juan Carmona. Pour P'tit Moh qui accompagne le groupe Gnawa Diffusion et dirige l'ensemble El Gosto, la musique est un langage universel : « Juan et moi parlons, chacun de son côté, notre propre langage, mais on s'entend bien. Chacun vient avec ses compositions. Nous jouons ensemble, chacun tente d'entrer dans l'esprit de l'autre et s'adapte aux mélodies. » Chaque moment de leur complicité culturelle et artistique est une surprise et un ravissement.