Photo : Fouad S. La déclaration de politique générale du gouvernement présentée par le Premier ministre aux membres du Conseil de la nation a suscité 64 interventions. Lesquelles ont reconnu l'effort du gouvernement à sa juste valeur, non sans tenter d'attirer l'attention sur les lacunes toujours de mise, dans divers domaines politiques et économiques. C'est dans le cadre d'une séance plénière présidée par M. Abdelkader Bensalah, que les sénateurs sont intervenus tour à tour devant le Premier ministre, entre autres représentants du gouvernement pour mettre en exergue les acquis réalisés sous la coupe du président de la République, dont l'amélioration du plan sécuritaire, grâce au processus de la réconciliation nationale, cheval de bataille de la plus haute autorité du pays. M. Abderrazak Bouhara, vice-président du Conseil de la nation estime, d'ailleurs, que cette politique doit être consolidée par d'autres dispositions plus générales, dans le souci majeur de «concilier le peuple avec son Etat». OUVRIR UN DEBAT SUR LES MECANISMES DE LUTTE ANTI-TERRORISTE M. Bouzid Lazhari, sénateur d'obédience FLN, estime à titre illustratif que les réserves de changes doivent être mieux exploitées pour créer une valeur ajoutée, avant de plaider pour l'ouverture d'un débat pour clarifier les mécanismes de lutte anti-corruption. Le but étant de mettre fin aux allégations et aux spéculations. Pas seulement, le même sénateur déplore l'option de la réévaluation à chaque fois des projets, ayant nécessité dans le cadre du précédent quinquennat une enveloppe de 815 milliards de dinars. Il s'agit là d'un sérieux problème qu'il va falloir solutionner, d'autant plus que c'est le citoyen qui paie la facture et non pas les responsables, dira-t-il, en évoquant par la même la question des études des projets, ayant exigé à elles seules plus de 11 milliards de dinars. Bouzid Lazhari va plus pour réclamer la mise à l'arrêt de l'accord d'association conclu avec l'Union européenne, qui n'a apporté que 3 milliards de dinars en termes de profits pour l'Algérie. M. Messaoud Ammar, sénateur du RND, déclare, pour sa part, qu'il ne faut pas prendre cette déclaration de politique générale avec «pessimisme». Pour répondre aux détracteurs d'Ahmed Ouyahia, ce sénateur indique à l'endroit de ceux «qui lui demandent de reconnaître son échec», que ceux-là «se sont trompés d'adresse, et Ouyahia ayant pour raison d'être l'Algérie, ne lâche jamais prise». Sur un autre chapitre, M. Messaoud Ammar indique que l'Algérie refuse «de criminaliser le colonialisme, car elle le considère déjà comme une crime en soi. Seulement, elle réclame des excuses de la part de la France officielle». LE TON ACERBE DE ZOHRA DRIF Mme Zohra Drif Bitat, vice-présidente du Conseil de la nation, sera, sans conteste, la sénatrice ayant volé la vedette aux autres membres de la Chambre haute, puisqu'elle fera une intervention très remarquée, dans la mesure où elle a interpellé directement le Premier ministre sur «le pourquoi» et les raisons qui empêchent notre peuple «d'être heureux, alors qu'on parle en toutes occasions d'embellie financière». Cette «mal-vie» est ressentie effectivement, dira-t-elle, en dépit «de toutes les politiques entreprises». Mme Bitat se pose les questions suivantes :«avons-nous fait ce qu'il fallait en termes de formation pour faire face à ce nouveau siècle ? Avons-nous préparé nos jeunes pour relever tous les défis ? Et de poursuivre qu'«il faut reconnaître que l'Algérie de 2010 n'est pas celle de 62 ou de 54. En termes de quantité, les chiffres sont démonstratifs, mais en termes de qualité, nous sommes loin du compte». Zohra Drif considère qu'il faudrait permettre aux cadres d'affronter la concurrence féroce interne et externe, avant de revenir au problème de la harga, en tirant la sonnette d'alarme sur la dangerosité de ce phénomène qui tend à prendre des proportions alarmantes. Le comble, ce phénomène touche encore les universitaires et les jeunes dont les femmes, se désole-t-elle. Zohra Drif se dit très inquiète de ce qu'elle est en train de lire dans les journaux nationaux et internationaux, souhaitant être «rassurée» du devenir du pays, notamment en ce qui concerne les jeunes, auxquels on est en train de «voler les rêves». En soulignant la nécessité de corriger diligemment les lacunes et les erreurs du passé, elle demande au Premier ministre de mettre en place une commission nationale à haut niveau, dans laquelle seront représentés des parlementaires, des moudjahidine et experts en vue de préparer comme il se doit le 50e anniversaire de l'indépendance, si l'on sait que la France vient aussi de mettre en place une commission pour célébrer le même événement. Ce qui n'est pas «sain» selon elle. A noter que Mme Bitat a déploré d'être interrompue par le président de la séance, sous prétexte que le temps qu'il lui est imparti ne doit pas dépasser les 7 minutes. Même si Bensalah se montre compréhensif et lui a accordé plus de temps, Zohra Drif prend cela comme une «humiliation», d'autant plus qu'il s'agit «d'une occasion rarissime permettant aux sénateurs d'être face au gouvernement».