Ils sont nombreux les étudiantes et étudiants de l'Université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou à choisir de travailler pendant les vacances d'été. Et là, ils font tout ce qui leur tombe sous la main. Ils ne rechignent guère à la besogne. Karim C, étudiant en troisième année en langue française à l'Université de Tizi Ouzou, ne s'est jamais reposé durant l'été. « Je ne peux pas rester longtemps sans rien faire. Depuis pratiquement ma première année de lycée, j'ai toujours travaillé durant l'été. Je fais tout ce qui se présente à moi, pour peu que ça soit bien rémunéré. Ainsi, je ne suis pas dépendant de mon père, fonctionnaire, qui arrive difficilement à prendre en charge ma fratrie de cinq membres. Je fais coup double, je gagne mon argent de poche mais aussi de quoi faire face aux frais de la rentrée universitaire », avoue-t-il. Karim consacre une partie de l'argent gagné à des sorties entre amis à la plage, durant les week-ends. L'étudiant travaille dans un fast-food à Tizi Ouzou. Le choix de l'activité n'est pas fortuit. Cela lui permet de manger à l'œil. Deux autres étudiantes sont derrière le présentoir du fast-food. Les deux jeunes filles, tout comme Karim, n'ont aucun complexe à travailler comme serveuses. Un complexe que n'a pas, non plus, Nadia qui est en dernière année de droit. Nous l'avons rencontrée dans un magasin d'habillement pour enfants. « Dans mon entourage, il y a beaucoup d'avocates et même de juges qui ont réussi leur carrière, et qui ont, dans un passé pas très lointain, travaillé comme vendeuses dans des boutiques à Tizi Ouzou », dit-elle. Sans complexe aucun, Hakim R. s'occupe de toilettes publiques. « C'est un job comme un autre qui me permet de gagner honnêtement ma vie et faire face aux frais dus aux études qui me coûtent très cher », dit-il. L'avènement du marché de la pub et du marketing a été une aubaine pour nombre de jeunes filles et garçons. Celle de joindre l'utile à l'agréable. Exemple : à Azeffoun, des étudiants et étudiantes s'occupent toute la journée à sillonner les plages pour les besoins d'opérateurs de téléphonie mobile ou de producteurs de café et autres produits alimentaires. Ils sont constitués en équipe avec pour mission de vanter le produit de la marque. Pour 8 heures de travail (10h-18h), ils gagnent de 1.600 à 2.000 DA, selon l'employeur. Ils sont pris en charge en matière de restauration et de transport. Ces jeunes gens ne s'empêchent pas, de temps à autre, de faire trempette. « Je ne pouvais espérer meilleur job d'été. Lorsque vous avez le temps de dormir jusqu'à 9 h du matin, d'être transporté jusqu'à la plage, nourri et payé à la fin de l'opération, avec en sus une baignade, que demander de plus ? », lance Hakim A., étudiant en médecine, résidant à Tizi Ouzou. Son coéquipier Hocine, d'Azeffoun, est là uniquement pour gagner de l'argent et payer ses études de marketing dans une école privée de formation. En fait, les équipes ne lèvent l'ancre que vers 19h. « Une fois le matériel rangé, nous nous permettons une petite baignade », souligne, pour sa part, Mohamed, étudiant en génie civil, qui trouve « formidables ces vacances estivales », surtout qu'il bénéficie une fois par semaine d'une journée de repos payée, « durant laquelle je viens narguer quelque peu mes potes, comme ils le font aussi lorsqu'ils sont au repos », dit-il en souriant. Pour Hassina, qui vient d'avoir son bac, c'est un job exaltant : « Outre le fait que cela vous occupe, cela me permet de rencontrer plein de gens venus d'horizons divers qui échangent avec vous pas mal de choses. »