La Turquie qui plonge dans un cycle de violence inouïe est menacée de sombrer dans la guerre civile. Depuis la reprise des hostilités, en juillet, la tension est à son paroxysme entre le PKK lançant des attaques meurtrières et Ankara pilonnant les positions kurdes. Les accrochages au quotidien ont coûté la vie à quelque 70 militaires et policiers. Les opérations de représailles ont permis d'éliminer, selon les autorités turques, un millier de « terroristes ». Le casus belli, provoqué par l'attaque kurde contre les forces de sécurité turques dans la province de Hakari frontalière avec l'Irak, a rallumé le vieux conflit pourtant porteur d'espoir de paix bel et bien mort et enterré. Le brasier s'installe dans la zone du Sud, majoritairement kurde et s'étend à l'Est du pays qui a connu hier la plus sanglante attaque. Un engin explosif a fait, au passage d'un véhicule de la police qui circulait dans la région d'Aralik aux confins des frontières de la Turquie avec l'Azerbaïdjan, l'Arménie et l'Iran, 14 victimes. Elle intervient deux jours seulement après une embuscade tendue contre un convoi militaire dans la région montagneuse de Daglica, qui s'est soldée par la mort de 16 soldats honorés en martyrs par le Premier ministre Ahmet Davutoglu promettant d'éradiquer le PKK. En représailles, plus de 50 chasseurs de l'armée de l'air turque ont pilonné, dans la nuit de lundi dernier à hier, pendant six heures les bases des rebelles kurdes dans le nord de l'Irak, tuant « entre 35 et 40 terroristes », a affirmé Anatolie. Au plus fort de la crise, le président turc Recep Tayyip Erdogan, promettant de ne pas « abandonner le pays aux terroristes », a décidé d'une opération militaire au sol de « courte durée » dans le nord de l'Irak. Deux bataillons de « bérets bordeaux » de l'armée ont traversé la frontière pour traquer les rebelles kurdes. Aux tensions communautaires, opposant les nationalistes aux Kurdes, se greffent les incertitudes politiques. A deux mois des législatives anticipées convoquées, le 1er novembre, par le président Recep Tayyip Erdogan pour reconquérir la majorité absolue perdue, le scrutin de la peur chemine la quête du renforcement de son autorité ébranlée par l'échec aux dernières législatives et la constitution de la coalition de transition. Il est accusé par l'opposition de souffler sur les braises du conflit kurde pour parvenir à ses ambitions politiques. « Si Dieu le veut, la Turquie vivra une répétition des élections [législatives], le 1er novembre », a-t-il renchéri à l'adresse de quelques journalistes, en quittant la mosquée de Kisikli, alors qu'il sortait de la prière du vendredi.