L'armée turque est entrée hier sur le sol irakien pour la première fois en quatre ans après une série d'attaques des rebelles du PKK. Ces attentats ont provoqué la mort de plus de 30 soldats ou policiers et plongé un peu plus la Turquie dans la violence. Deux jours après une première embuscade à l'explosif dans laquelle 16 soldats ont péri à Daglica (sud-est), le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) a réalisé une opération similaire hier à l'aube contre un minibus de la police, cette fois dans la province d'Igdir, aux confins des frontières avec l'Arménie, l'Iran et l'Azerbaïdjan. Bilan : 14 morts, selon l'agence de presse suisse ATS. Depuis dimanche soir, les chasseurs F-16 et F-4 de l'aviation turque ont pilonné à plusieurs reprises les bases arrière du mouvement rebelle dans les montagnes du nord de l'Irak et des membres des forces spéciales sont entrés en Irak. «Les forces de sécurité turques ont franchi la frontière irakienne dans le cadre du droit de poursuite visant des terroristes du PKK qui ont commis les récentes attaques», a déclaré une source gouvernementale turque, sans préciser la durée de cette opération. «C'est une mesure de courte durée pour empêcher la fuite des terroristes», a toutefois assuré cette source anonyme. Les frappes aériennes et le raid des forces spéciales ont provoqué la mort de «près de cent terroristes» du PKK, selon l'agence de presse Dogan, citant des sources militaires. La précédente incursion de l'armée turque sur le sol irakien remontait à 2011. Dans un discours très ferme, le président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan a promis hier de débarrasser son pays du PKK. «Nous n'avons pas abandonné et nous n'abandonnerons pas cette nation à trois ou cinq terroristes», s'est exclamé M. Erdogan. «Si Dieu le veut, la Turquie, qui a surmonté de nombreuses crises, réussira à se débarrasser de la peste terroriste», a-t-il insisté. L'opération réalisée par le PKK à Daglica a été la plus meurtrière depuis la reprise il y a près de deux mois des affrontements entre l'armée et ce mouvement rebelle. Ces heurts ont fait voler en éclats les discussions de paix engagées à l'automne 2012 pour mettre un terme à un conflit ayant fait quelque 40 000 morts depuis 1984. Le PKK a toutefois annoncé hier avoir libéré un groupe de 20 agents des douanes et d'ouvriers turcs d'une entreprise de travaux publics qui avaient été enlevés dans l'est de la Turquie il y a près d'un mois. Ils devaient regagner leur pays dans la soirée.