«Le rôle de la société civile dans le renforcement de la pratique démocratique» a été le thème d'une conférence-débat organisée, jeudi soir, par le FLN dans le cadre de ses activités tracées pour ce mois de Ramadhan. Conférence à laquelle ont pris part des enseignants universitaires, sociologues et syndicalistes. Le Dr Menas Mesbah, de l'université d'Alger, qui rappelle les différentes définitions données au concept de la «société civile», fera observer que la vision de ce concept n'est pas la même entre le monde occidental et le monde arabe et qu'«un déphasage existe entre les deux parties», dit-il. D'abord, cet universitaire souligne que la société civile, en Occident, existe dans tous les systèmes politiques, renferme tous les segments de la société avec, poursuit-il, son caractère transfrontalier puisque «un contact permanent et échange constant d'idées règnent chez les sociétés civiles dans les pays de l'Occident». En revanche, dans la pensée arabe, le Dr Mesbah indique que la vision actuelle de la société civile reste limitée compte tenu des spécificités de chaque pays. Dans la même région arabe, l'orateur constate que le rôle de la société est loin de peser sur la pratique démocratique, contrairement à ce qui se passe dans les pays développés. Le manque de liberté individuelle et l'analphabétisme qui caractérisent la majorité des nations arabes sont deux facteurs, note-t-il, entravant la promotion de la société civile. En somme, cet intervenant dira : « Pour que le rôle de la société civile soit efficace, celle-ci doit être autonome et non un instrument des pouvoirs». Le même point de vue est développé par le sociologue Nacer Djabi qui soutient que la société civile se base, avant tout, sur la citoyenneté et la liberté de l'individu. L'absence du rôle de la société civile en Algérie est due essentiellement, constate ce sociologue, au manque de communication entre citoyens. Plus explicite, il souligne que «les Algériens ne se reconnaissent pas encore. On dénomme, par exemple, ceux qui parlent arabe comme des baathistes et les francophones comme parti de la France (hizb frança)». Se référant à des études récentes en la matière, M. Djabi ajoute que le manque d'encadrement au sein des associations et organisations est derrière ce retard. D'après lui, il existe en Algérie 962 associations nationales et 77.000 autres au plan local. Sur le plan juridique, cet intervenant indique que les lois régissant la société civile doivent être renouvelées et basées sur des points de force. Outre le rôle social, la société civile peut devenir un secteur créateur d'emplois, soutient encore ce sociologue qui cite, pour expliquer son point de vue, 3 millions d'emplois qu'enregistre la société civile en France. Par ailleurs, la syndicaliste Hadja Kadous indique que le monde syndical, qui est une partie de la société civile, diffère des autres parties par son caractère de la négociation. Mme Kadous, qui cite les acquis de l'activité syndicale au pays, suppose que la réussite de l'action syndicale est tributaire de la représentativité.