Les dés sont-ils jetés ? Les législatives anticipées, voulues par le Premier ministre sortant, Alexis Tsipras, mènent tout droit vers le scénario d'un gouvernement de coalition autour des deux grands favoris du scrutin : la gauche radicale de Syriza ou de la Nouvelle démocratie au coude-à-coude dans un duel épique. En l'absence d'une nouvelle majorité absolue des plus hypothétiques au Parlement, le jeu des alliances déterminera le nouveau visage de la Grèce. Tout indique que Tsipras, laminé par la perte d'un tiers de ses députés et néanmoins rassuré par le soutien du parti souverainetiste ANEL (13 députés), tentera de se donner les moyens d'un « gouvernement de combat » pour continuer, dira-t-il, « avec la même détermination, le même sens du sacrifice, à mener des batailles pour défendre les droits de notre peuple, pour les grandes confrontations nécessaires pour avancer avec les réformes dont le pays a besoin pour respirer ». C'est dans son quartier populaire d'Athènes, Kipseli, que le Premier ministre a affirmé toute sa confiance pour ramener à bon port la Grèce, excluant catégoriquement la possibilité de travailler avec son rival de la droite et de To Potami. « Les Grecs vont prendre leur avenir en main (...) et sceller la transition vers une ère nouvelle », a-t-il déclaré. Dans l'autre quartier plus huppé de Maroussi, le chef de la Nouvelle démocratie, Vangélis Meïmarakis, milite pour « un gouvernement de coalition nationale », y compris avec Syriza. « Je crois fermement que le nouveau gouvernement doit être constitué d'autant de partis que possible. Si la Nouvelle démocratie l'emporte, j'essaierai d'obtenir la plus large coopération possible des partis du front européen. Et j'inclurai certainement Syriza dans ce front », a-t-il plaidé la veille du scrutin. La formation de la coalition gouvernementale est donc tributaire des alliances avec la composante du paysage politique représentée par les socialistes du Pasok en déclin (13 députés) « garant de la coopération », de To Potami (17 députés) le parti communiste (KKE) et le parti de l'Unité populaire des dissidents de Syriza. Reste le cas contesté de l'extrême droite, Aube dorée (7% de voix et 3e force politique), dont la direction est poursuivie pour crime et appartenance à une organisation criminelle. Mais quel qu'en soit le vainqueur, la Grèce est interpellée par le poids de la crise économique et les exigences de l'accord conclu avec les créanciers et la déferlante des migrants.