Au chevet de l'Europe malade de la crise des migrants, les 28 ministres de l'Intérieur tentent de faire front commun. A Bruxelles, il n'est plus question de contraintes dans la répartition des quotas pour surmonter la division entre l'Est et l'Ouest. C'est que la crise de la migration a révélé la crise de solidarité des Balkans qui se refusent à assumer la part du fardeau. La Hongrie, pays qui a vu transiter 225.000 migrants depuis le début de l'année, a doté, lundi dernier, la police et l'armée de nouveaux pouvoirs. Parmi ces mesures, figure la possibilité pour l'armée d'employer des armes à balles en caoutchouc ou même des fusils à filet contre les migrants qui tenteraient d'entrer illégalement dans le pays. « Nos frontières sont en danger (...). La Hongrie et toute l'Europe sont en danger », s'est justifié le dirigeant populiste Viktor Orban, estimant que le continent était « submergé » par les migrants qui continuent de déferler en Europe. Plusieurs milliers sont à nouveau entrés lundi en Hongrie en provenance de Croatie, avant d'être acheminés par les autorités à la frontière autrichienne et de poursuivre leur périple vers l'Allemagne, où près de 7.000 personnes sont arrivées en Bavière durant le week-end. Mais Bruxelles croit toujours au consensus conforté par l'assouplissement de la position de certains pays de l'Europe centrale, la Pologne, en tête du peloton des adversaires des quotas imposés, a conditionné l'accueil de plus de réfugiés par l'établissement de « frontières plus étanches » et d'« une liste commune des pays jugés sûrs ». D'autres pays tout aussi réticents ont assuré de leur volonté de trouver un accord européen sur cette question. « Tous les participants à la réunion sont très attachés à l'idée d'aboutir à une position commune », a assuré le ministre tchèque des Affaires étrangères, Lubomir Zaoralek, à l'issue d'une rencontre avec ses homologues polonais, hongrois, slovaque, letton et luxembourgeois à Prague. « L'Europe a besoin d'une action collective », a-t-il ajouté. Le credo de l'union sacrée est brandi par le président français, François Hollande, relevant qu'« aucun pays » européen « ne peut s'exonérer » d'une répartition « des réfugiés relevant du droit d'asile ». A la réunion des 28 ministres de l'Intérieur qui sera suivie, aujourd'hui, par un sommet extraordinaire des chefs d'Etat et de gouvernement, la question sensible de la répartition des migrants sera sur la table des discussions, au même titre que le volet lié à l'aide financière qu'il s'agit d'apporter pour les pays frontaliers de la Syrie (Jordanie, Turquie et Liban) submergés par près de 4 millions de réfugiés. Cette rencontre de « la dernière chance », selon le Haut-Commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR), atteste de la gravité de la situation qui impose « une réponse unie et cohérente ». Le Conseil européen saura-t-il traduit cette exigence en actes de solidarité concrets ?