Dans une lecture-bilan de la charte pour la paix et la réconciliation adoptée par référendum populaire le 29 septembre 2005, le président de la République a livré beaucoup de messages. Et tiré des enseignements de l'expérience qui a grandement contribué à la reddition de milliers de terroristes qui sont descendus du maquis pour bénéficier des dispositions de la charte. Face aux amalgames entretenus autour de la faisabilité d'un retour sur la scène politique des anciens chefs terroristes, Bouteflika est à la fois ferme et rassurant. Ferme à l'endroit de ceux qui sont tentés de contourner la loi pour se refaire une virginité politique. « Les choix du peuple consignés dans la loi portant concorde civile et la charte pour la paix et la réconciliation nationale seront intégralement respectés et préservés sans concession aucune », a-t-il prévenu. Il qualifie de propos et actes inappropriés, les agissements de « certains bénéficiaires des dispositions de la concorde civile ». Le chef de l'Etat rappelle les limites à respecter et sur lesquelles l'Etat sera intransigeant. Il se montre par la même rassurant à l'égard des victimes du terrorisme dont les blessures ont été ravivées par les déclarations de certains. Et relancé la crainte de voir le pays renouer avec un passé douloureux. Ceci étant rappelé, les faveurs de la réconciliation demeurent d'actualité pour ceux parmi « les égarés » qui « voudront se ressaisir et abandonner la voie du crime ». Depuis l'adoption de la charte pour la paix et la réconciliation, 9.000 personnes ont bénéficié des dispositions de ce dispositif, au mois de décembre 2013. Quatre catégories sont touchées : les terroristes qui ont choisi la voie de la repentance, les familles de terroristes, les disparus et les travailleurs licenciés en raison de leur implication dans des actes terroristes. Plus 6.000 autres personnes avaient bénéficié des dispositions de la concorde civile, décidées en 1999. Cela fait un total de 15.000 personnes à avoir été soustraites à la nébuleuse terroriste. C'est grâce à cette repentance massive que la paix s'est progressivement rétablie sans que l'Etat ait à compromettre un quelconque fondement républicain. Les chantiers de la reconstruction pouvaient alors être lancés. D'imposants programmes d'investissement ont permis au pays de rattraper son retard en matière d'infrastructures de base et d'entrevoir des projets de relance économique. De 2005 à 2010, le volume d'investissement a frôlé les 200 milliards de dollars. La tendance s'est consolidée avec un troisième plan de 286 milliards de dollars pour la période 2010-2014, et par un quatrième plan de 262 milliards de dollars pour la période 2014-2019. Tandis que les régions du Sud et des Hauts-Plateaux ont bénéficié de programmes spéciaux. Si la politique de la réconciliation a réduit considérablement la capacité de nuisance des groupes armés en vidant leurs maquis, elle a permis concomitamment à l'Armée populaire nationale de se concentrer sur les nouvelles menaces aux frontières induites par la déstabilisation des pays voisins. Bouteflika affirme que la consolidation de la sécurité interne a engendré la réunification des rangs qui s'est érigée en rempart contre les manœuvres de déstabilisation charriées par le printemps arabe.