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L'Algérie, 20 ans après
DE LA RAHMA À LA PAIX
Publié dans L'Expression le 06 - 03 - 2014

Avant le processus de paix de la Concorde civile et la Charte pour la paix et la réconciliation nationale promulgué par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, à partir de 1999, l'homme fort des années 1990 Liamine Zeroual, avait été l'instigateur de la loi de la Rahma, ouvrant ainsi la voie du repentir aux terroristes. Les négociations, alors menées par feu Smaïl Lamari, avaient abouti à un consensus avec l'AIS de Madani Mezrag, branche armée du FIS dissous dont les éléments décident de divorcer avec la lutte armée. Entre-temps, plus de 100.000 Algériens avaient été assassinés, souvent des femmes et des enfants égorgés. Des irréductibles du GIA, notamment ont choisi la voie du diable, s'adonnant à des massacres contre le peuple, en faisant de la religion une idéologie. N'empêche que la loi de la Rahma avait porté ses fruits! Et le terrain pour le programme de paix de l'actuel président de la République avait déjà tracé son chemin vers une réconciliation plus élargie. Abdelaziz Bouteflika était donc très à l'aise pour parfaire le processus. Il devient l'homme de la paix et de la réconciliation, en n'hésitant pas à être moins intransigeant que l'ex-président. Dans son processus de paix, Abdelaziz Bouteflika a jugé bon de faire fléchir les limites juridiques visant une plus large repentance.
La loi de la Rahma cède la place à la Réconciliation nationale que le peuple approuvera par une majorité écrasante en octobre 2005 suite à un référendum. Les chiffres rendus publics font état de la repentance de 15.000 terroristes depuis 1999. A ce propos, le site Al Hadath, citant un rapport de la cellule d'assistance judiciaire à l'application de la Charte pour la paix et la Réconciliation nationale, souligne que «le nombre de terroristes ayant bénéficié des dispositions de la Concorde civile s'élève à 6500, dont la majorité des irréductibles de l'Armée islamique du salut (AIS)». Dans ce même rapport, il est mentionné que «les dispositions de la Concorde civile étaient des textes techniques qui concernaient des personnes armées et qui ont répondu à l'appel de l'Etat». Dans ce même cadre et concernant le processus de la Charte pour la paix et la Réconciliation nationale, le même site souligne que «9 000 terroristes ont bénéficié des dispositions de la Charte pour la paix et la Réconciliation nationale, entre 2005 et décembre 2013, non coupables de massacres de civils et de viols».
D'entre ces milliers de repentis, beaucoup ont réussi à réintégrer la société, mais certains reprennent les armes pour rejoindre ce qu'on appelle aujourd'hui Al Qaîda au Maghreb islamique, une organisation dont la composante est devenue multinationale, notamment depuis le vent violent du printemps arabe qui s'est invité sous forme d'une révolution dans des pays voisins dont la population bouillonne dans des crises politiques et sécuritaires depuis trois ans, surtout quand il s'agit de la Libye. La loi de la Rahma, la Concorde civile et la Charte pour la paix et la Réconciliation nationale ne peuvent être dissociées dans leur définition, ayant contribué à instaurer une paix chèrement payée par le sang de ces milliers d'Algériens, ces soldats aguerris de l'Armée nationale populaire dont des centaines payeront de leur vie. Par ses sacrifices, sa détermination et ses engagements, l'ANP est aujourd'hui citée comme un exemple de la lutte contre le terrorisme. Son expérience est considérée comme incontestable et louée par les plus grandes puissances mondiales. Pour revenir au processus de paix, le rapport de la cellule d'assistance judiciaire à l'application de la Charte pour la paix et la Réconciliation nationale, a conclu également, concernant les familles des disparus que «7000 familles ont été indemnisées, 65 familles attendent d'être indemnisées après le dépôt de leurs dossiers auprès des commissions de wilayas, 50 n'ont pas encore obtenu un PV de disparition. Et seulement 25 familles ont refusé «catégoriquement», selon la même source, les dispositions d'indemnisation et sont toujours attachées à connaître la vérité sur leurs proches disparus et obtenir justice».
Abordant le dossier de l'indemnisation des familles des terroristes tués dans le cadre de la lutte antiterroriste, la cellule souligne que «le nombre s'élève à 17.000 (entre 1992 et 2006). Quelque 12.000 dossiers ont été déposés au niveau des cellules de wilayas pour obtenir l'indemnisation: 9000 dossiers ont été validés, tandis que le reste est toujours en cours d'étude».
Par ailleurs, il est mentionné sur le même rapport, selon toujours le même site «que les travailleurs licenciés pour des raisons liées à la tragédie nationale, parmi les 8200 dossiers déposés auprès des commissions de wilaya, 3500 ont été réglés.
Des travailleurs ont été réintégrés dans leurs postes et d'autres indemnisés». La publication de ces chiffre intervient en pleine précampagne électorale pour la présidentielle du 17 avril 2014, marquée par un climat tendu sur le plan politique.


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