Benyamin Netanyahu, le premier ministre israélien qui craint une reconnaissance de l'Etat palestinien par le monde entier «d'ici une année», - il a pressé lundi le président chilien Sebastian Pinera « de ne pas reconnaître l'Etat palestinien » - manœuvre. Il choisit, le jour où le monde entier commémore la sinistre opération «Plomb durci», pour proposer à Mahmoud Abbas qui attend un Etat «viable et indépendant» depuis la conférence de paix de Madrid en 1991 et les accords d'Oslo en 1993, de revenir à la table des négociations pour signer un accord de paix «provisoire». «C'est pour parvenir à un accord de paix global au Moyen-Orient» explique à la Chaîne Dix (privée) de la télévision israélienne, Benyamin Netanyahu avant de demander au président palestinien d'accepter un Etat démilitarisé, renoncer au retour des réfugiés et à El Qods-est comme la capitale de leur futur Etat et reconnaître Israël comme la patrie du peuple Juif. «Si les Palestiniens reconnaissent un Etat juif (...), je vous dis ici et maintenant que j'irai jusqu'au bout. Aucune considération relative à la coalition ne m'empêchera (...) de parvenir à un accord, de le soumettre au peuple et une majorité me soutiendra» dit-il. Netanyahu n'est pas le seul à proposer à Abbas un «accord intérimaire à long terme». Avigdor Lieberman, son ministre des Affaires étrangères, qui a qualifié dimanche le gouvernement palestinien d' «illégitime», le préconise aussi. «Il est temps de parvenir à des solutions finales qui incluent El Qods, les réfugiés, les frontières, la sécurité, les implantations, l'eau et la libération des prisonniers retenus dans les prisons israéliennes et d'établir un Etat palestinien sur les frontières du 4 juin 1967 », c'est-à-dire sur l'intégralité d'El Qods-est, de la Cisjordanie et de la bande de Ghaza» lui rétorque Nabil Abou Roudeina, porte-parole du président palestinien Mahmoud Abbas estimant «inacceptable» toute suggestion pour parvenir à un accord provisoire. «El Qods doit être la capitale du futur Etat palestinien et revenir à la table des négociations sans déterminer les frontières du pays ne nous mènera pas à une paix juste», dit-il. Saëb Erakat, le principal négociateur palestinien, tient les mêmes propos. «Les solutions transitoires sont refusées en bloc et dans le détail», dit-il comptant sur une reconnaissance de l'Etat palestinien par le maximum de pays, notamment européens, pour mettre dos au mur Israël qui s'oppose à l'établissement d'un tel Etat palestinien. Pour les deux responsables palestiniens, les propos des responsables israéliens sont au mieux de « nouveaux actes provocateurs». Erekat y voit un plan visant à poursuivre l'extension des colonies en Cisjordanie. Les Etats-Unis qui n'ont pas pu faire plier l'état hébreu affirment qu'ils poursuivent leurs efforts. «Nous restons solidement au travail avec les parties pour obtenir un accord-cadre sur toutes les questions centrales», déclare Mark Toner après les propos de Benjamin Netanyahu qui sait qu'il peut compter sur le «véto» américain au Conseil de sécurité, le silence de la communauté occidentale qui a fini par remettre en «cause la crédibilité de la justice pénale internationale» et «accroitre le sentiment qu'Israël est un Etat au dessus de la loi».