Moscou tente depuis des semaines de remettre en selle le président syrien, Bachar al-Assad, qu'il considère comme une partie de la solution à la crise syrienne. Le président des Etats-Unis, Barack Obama, rencontrera, ce lundi à New York, en marge de l'Assemblée générale de l'Onu, son homologue russe Vladimir Poutine pour discuter, entre autres, de la crise syrienne et de la place du président syrien, Bachar al-Assad, dans le processus de transition. Cette rencontre, la première depuis deux ans, est très attendue, dans un contexte marqué par une aggravation de la situation en Syrie, mais aussi au Proche-Orient, où l'expansion de l'organisation terroriste autoproclamée Etat islamique (Daech) menace l'ensemble de la région. Il sera également question de la nouvelle coalition militaire internationale associant le dirigeant du régime de Damas, telle que proposée par le locataire du Kremlin, bien que cette option soit rejetée par les alliés arabes de Washington, en premier lieu Riyad. Cette coalition devrait combattre Daech et permettre de sauvegarder l'intégrité de la Syrie et contribuer à la résolution de la crise syrienne. À ce propos, Vladimir Poutine a déjà annoncé la couleur et réaffirmé le soutien de son pays au régime de Damas. "Je suis profondément persuadé que des actions visant à détruire le gouvernement légitime déboucheront sur une situation similaire à celle connue par d'autres pays de la région en question ou d'autres régions comme la Libye, où les institutions publiques sont détruites", a déclaré le dirigeant russe dans l'entretien qu'il a accordé à la chaîne de télévision américaine CBS. "Il n'y a pas d'autre solution à la crise syrienne que de renforcer les institutions de l'Etat en place et de les soutenir dans leur lutte contre le terrorisme tout en les poussant à dialoguer avec la partie saine de l'opposition et à mener des réformes", a-t-il expliqué, insistant sur le fait que "seuls les Syriens sont habilités à décider d'eux-mêmes qui doit gouverner leur pays et de quelle manière", a repris l'agence de presse moscovite Ria Novosti. L'ambassadeur russe auprès de l'Onu, Vitali Tchourkine, a abondé dans le même sens en affirmant que "l'histoire du Proche-Orient, surtout au cours de la dernière décennie, le démontre : le fait d'imposer des recettes provenant de l'extérieur plonge le pays dans le chaos et ne résout rien, mais aggrave au contraire les problèmes". "Les Syriens, à l'aide du personnel de l'Onu, devront se mettre d'accord sur les questions-clés, notamment les problèmes de sécurité, les questions politiques et juridiques, la lutte contre le terrorisme, la continuité des services fournis par l'Etat, la reconstruction et le développement", a-t-il expliqué, ajoutant que "le Conseil suivra la situation de très près, mais la solution doit être strictement syrienne. Cela vaut pour le sort politique du président syrien Bachar al-Assad". Le président de la Turquie, l'islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan, a estimé que Bachar al-Assad pourrait être associé aux premières étapes du dialogue inclusif en Syrie, mais il doit céder sa place dans les prochaines étapes. Le chef de l'Etat turc est allé jusqu'à accuser Al-Assad de chercher à constituer une "petite Syrie qui s'étend de Damas à Lattaquié en passant par Hama et Homs, soit une zone représentant 15% de la superficie de la Syrie", a rapporté l'agence de presse officielle Anatolie. Alors que les Etats-Unis ont déjà avoué, via le secrétaire d'Etat John Kerry, que Bachar al-Assad fait partie de la solution à la crise syrienne, tout comme l'Allemagne, de nombreux pays occidentaux et arabes pensent que le président syrien devrait céder sa place. Ce qui n'est pas du tout à l'ordre du jour à Damas. L. M.