Les couleurs palestiniennes ont été levées pour la première fois, hier, au siège de l'ONU à New York, événement hautement symbolique censé marquer une étape vers un Etat indépendant. Le drapeau rouge, noir, blanc et vert a été hissé à 17h00 GMT au fronton de l'institution internationale, aux côtés des 193 bannières des Etats membres de l'ONU et de celle du Vatican, qui, comme la Palestine, a le statut d'Etat non membre. Le président Mahmoud Abbas a assisté au lever de ces couleurs, dans le jardin de l'ONU en présence du Secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon et des dizaines de responsables étrangers, juste après avoir prononcé son discours devant l'Assemblée générale, dans lequel il a exhorté la communauté internationale à se remobiliser sur la question palestinienne. La situation est pourtant on ne peut plus sombre : le processus de paix avec l'occupant israélien n'existe plus depuis l'échec d'une médiation américaine au printemps 2014, la bande de Ghaza est un chaudron, et les tensions s'accumulent en Cisjordanie occupée. La situation est plus dangereuse à El Qods-Est occupé où l'esplanade des Mosquées est sous haute tension depuis plusieurs semaines, secouée par des heurts entre Palestiniens, décidés à sauvegarder ce lieu saint à n'importe quel prix, et forces de l'occupation qui protègent les extrémistes juifs voulant prier sur l'esplanade, ce qui leur est pourtant interdit conformément au statu quo hérité du conflit de 1967. Dans ce contexte, la solution prônée par la communauté internationale — deux Etats, un Israélien et un Palestinien, vivant côte à côte dans la paix et la sécurité — apparaît comme une chimère. En outre, le conflit israélo-palestinien est relégué derrière d'autres priorités, la lutte contre les terroristes de Daech particulièrement, considéré comme la menace mondiale numéro un. Néanmoins, le symbole du lever du drapeau à l'ONU constitue un événement à forte charge symbolique, tout comme l'a été en 2015 le débat et les votes parlementaires, en Europe, en faveur de la reconnaissance de l'Etat palestinien ainsi que le vote historique de novembre 2012 à l'Assemblée générale, qui a vu la Palestine devenir un « Etat observateur non membre » de l'ONU. Fort de ce nouveau statut, la Palestine a intégré des agences internationales et a rejoint la Cour pénale internationale. Mais elle n'est pas encore devenue membre à part entière des Nations unies bien qu'elle soit reconnue par plus de 130 pays.