Le Forum des chefs d'entreprise a tenu, jeudi dernier et hier, son université d'été dans la ville de Tlemcen. Financement de l'économie, relance industrielle, les TIC comme nouveau levier de la croissance sont un zoom sur les filières où l'Algérie a des opportunités - notamment l'agro-industrie - les grands axes qui ont été débattus par les organisateurs. Cette université d'été a été aussi l'occasion de lancer Jil-FCE, une organisation dédiée aux jeunes entrepreneurs. Le président du FCE a, dans son intervention déclaré que « notre pays est confronté à de sérieux défis mais peut compter sur ses entreprises, sur sa jeunesse prometteuse ». « Nos chefs d'entreprise sont déterminés à être au service du développement du pays et mobilisés pour travailler au bien-être des Algériens, aux côtés des pouvoirs publics. Ces derniers doivent, cependant, placer l'entreprise au centre des politiques économiques », dira le numéro un du FCE. « C'est l'initiative privée qui apportera la performance économique, la prospérité et le progrès social », le développement de notre pays, la croissance de notre économie et la satisfaction des besoins essentiels des Algériens ne pourront pas continuer à être éternellement financés par nos ressources naturelles. Ces ressources sont éphémères. La seule ressource inépuisable, c'est le travail. Ce que nous demandons, c'est simplement que l'Etat libère et encourage les initiatives, et se recentre sur ses fonctions de régulation. » Pour Ali Haddad, la mobilisation du FCE et la concertation avec les pouvoirs publics ont porté leurs fruits. Une série de rencontres ont eu lieu dès le mois de janvier, avec les principaux ministres en charge de l'économie nationale. Ces rencontres ont permis notamment de décider la mise en place de comités mixtes entre chaque département ministériel et le FCE. « Nous visons par là à instaurer un processus permanent de concertation avec nos administrations sur les questions importantes qui intéressent l'entreprise », a souligné le président du Forum des chefs d'entreprise. Dans le même temps, 27 commissions internes ont été mises en place et se sont attelées à élaborer un document portant sur la « contribution du FCE à l'émergence de l'économie algérienne ». Il a été remis au Premier ministre le 27 juillet dernier. Ces commissions restent à pied d'œuvre afin de se concerter en permanence en interne et porter au niveau des comités mixtes leurs préoccupations et leurs propositions. Pour le FCE, les pouvoirs publics affichent « une volonté certaine de trouver des solutions concertées à nos préoccupations ». L'environnement des affaires a évolué par rapport aux années 70 Omar Ramdane, membre fondateur du FCE et chef d'entreprise, a estimé, sur la question de l'environnement des affaires en Algérie, que par « rapport aux années 70, ça a beaucoup changé ». Outre les contraintes d'ordre administratif, on était en matière d'investissement, soumis à des restrictions, « le montant était plafonné à 35.000 DA seulement, sans compter qu'il fallait recourir aussi à des organismes publics pour importer son matériel ». Omar Ramdane note cependant qu'il y a encore des entraves qu'il faut lever. A titre d'exemple, ce ne sont pas « tous les secteurs qui sont ouverts à l'investissement privé, à l'instar des banques », dira l'ancien patron du FCE. D'autres intervenants ont soulevé le problème de l'inertie de l'administration qui devrait, au contraire, « accompagner le changement intervenu dans la sphère économique ». Tibaoui, ancien délégué au gouvernement, chargé des Participations de l'Etat, a rétorqué que « la première erreur qu'on a faite, lors de notre passage à l'économie de marché, c'est qu'on ne s'est pas occupé, d'abord, de la mise à niveau de l'administration ». « On était mal préparé, on est entré par effraction, avec une vieille mentalité, dans cette nouvelle économie », reconnaît Tibaoui. Ce dernier a, également, abordé la question de la dépréciation du dinar et ses conséquences sur la réévalution à la hausse des projets d'investissement. Il a proposé la création de deux taux pour le dinar, un pour le commerce extérieur et un pour l'investissement. Le financement de l'économie par le marché, la Bourse, les conditions de développer les financements dits alternatifs autres que les crédits bancaires, par le recours au marché obligataire ont donné lieu à des échanges de vues entre les investisseurs et les responsables financiers présents à ce forum, Berrah de la Cosob, Metref de l'Abef, le PDG de la Cnep... Selon le DG de la Cosob, Berrah, et répondant à une question d'un chef d'entreprise qui déplorait les garanties exigées par les banques pour tout financement, que la Bourse va dorénavant « se baser sur la cotation que la Cagex (caisse de garantie à l'export) fait pour les entreprises ». Autre sujet évoqué, les subventions. Selon Omar Ramdane, l'Etat devrait revoir cette politique qui est « injuste et qui ne profite qu'aux riches », et ce par l'instauration d'un système de complément de revenus. Ces propositions sont contenues dans une étude du FCE qu'il a soumise au gouvernement. Les subventions représentent 60 millards de dollars pour le budget de l'Etat et 20 millards couvrent le seul chapitre energie (électricité, carburant). « C'est énorme », dit-il. Sur la question de la mobilisation de nouvelles ressources financières, le même intervenant a appelé à autoriser les Algériens à rapatrier leurs devises. Une étude a révélé que les pays du Maghreb disposent « de 150 milliards de dollars placés dans des banques à l'étranger dont 50% sont détenus par des Algériens. »