Les victimes de la crise de la migration sont tombées : le jeune Afghan abattu le 15 octobre au soir par balles par les gardes-frontières bulgares alors qu'il tentait en compagnie d'un groupe de jeunes de « 20 à 30 ans » de renter illégalement de la Turquie voisine et l'agression au couteau de la candidate à la mairie de Cologne Henriette Reker, une indépendante soutenue par la CDU d'Angela Merkel, commise par un individu proche du « terrorisme d'extrême droite ». L'Europe se bunkerise, à l'image de la capitale hongroise érigeant une clôture de 30 kilomètres et mobilisant une armada de policiers et de militaires campant aux frontières. Elle se radicalise également comme le prouve le réveil des vieux démons racistes qui ont pris pour cible les foyers des réfugiés. Autour de son sanctuaire de Dresde, le mouvement résolument islamophobe Pegida prévoit une marche pour son premier anniversaire pour s'en prendre à Angela Merkel devenue la cible prioritaire. La montée du péril extrémiste inquiète la classe politique unanime la nécessite de tirer les leçons de l'agression commise conte la candidate indépendante et, comme l'a souligné la chargée de l'Intégration auprès du gouvernement allemand, Aydan Özoguz, d'« agir de manière déterminée contre les semeurs de peur et les démagogues de droite ». Il s'agit également, selon le directeur de cabinet de la chancelière et coordinateur de la politique allemande concernant la crise migratoire, Peter Altmeier, de se démarquer à chaque instant « de toute forme de racisme et de violence ». Il y a effectivement péril en la demeure. Face à l'arrivée massive des migrants rêvant de l'eldorado allemand et, si besoin est, de l'Europe du Nord, le Vieux continent assiégé et à rangs désunis peine à trouver la riposte idoine. Après la fermeture de la frontière hongroise, c'est vers la Slovénie, contrainte de faire appel à l'armée, que les milliers de réfugiés se tournent pour se rendre via l'Autriche en Allemagne prête à accueillir 800.000 personnes. Mais, confrontée aux critiques emmenant de son propre camp, la chancelière allemande tente de négocier le « plan d'action » européen, élaboré jeudi dernier, pour endiguer le flux incessant des migrants. Attendue hier à Istanbul, Angela Merkel doit rencontrer le président Recep Tayyip Erdogan et le Premier ministre Ahmet Davutoglu pour aborder le rôle décisif de la Turquie, pliant sous le fardeau des 2 millions de réfugiés, dans le tarissement du flux des réfugiés fuyant l'enfer syrien. Ankara qui est appelé à garder sur son territoire davantage de réfugiés et à renforcer la surveillance des frontières juge « inacceptable » le budget alloué qui devrait atteindre au minimum moins trois milliards d'euros pour la première année. En position de force, elle entend remettre sur la table des négociations la question de l'adhésion à l'Union européenne et la facilitation des visas. Dans une note consacrée à la visite de Mme Merkel, le centre d'analyse European Stability Initiative relève que « si l'Allemagne et la Turquie ne parviennent pas à un accord, aucune autre solution n'est en vue et la migration de masse de Syriens et d'autres vers l'UE va continuer ». Le compromis turc d'Angela Merkel, prévoyant outre les « financements substantiels et concrets » promis par l'UE, les nécessaires « concessions » évoquées par le président du Conseil européen Donald Tusk, sera-t-il à l'œuvre ?